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2 octobre 2017 1 02 /10 /octobre /2017 18:05

Voici un bouquin qui ne fletri pas .... 50 piges, et toujours aussi juste. helas, pourrait-on dire ...

Ecrit par Guy Debord,  en voici les grandes lignes :

 

La société du spectacle pose les bases d’une réflexion sur l’image que le système capitaliste veut renvoyer de la société, et sur le rapport que les individus entretiennent avec le « réel ». Il y décrit la présence croissante du spectacle dans notre société comme une « fabrication concrète de l’aliénation ».    

Le spectacle inverse le réel, qui est envahi par la contemplation du spectacle. Le réel devient à son tour spectaculaire. L’image devient réelle, le réel devient image, motivation d’un comportement hypnotique orienté vers la consommation.

 

Le vécu devient représentation, et cette représentation acquiert rapidement une indépendance à l’égard du vécu. Le spectacle concentre toute conscience et tout regard, en matérialisant une vision du monde qui devient un modèle. Ainsi le spectacle devient un instrument d’unification de la pensée. Le spectacle présente un point de vue unique qui représente le système et le justifie en permanence.

 

Le spectacle est la production principale de notre société. Il affirme l’apparence comme une valeur ultime, positive et indiscutable. Il s’oppose par là même à toute forme de dialogue.   Par le biais de la télévision, notamment grâce à « l’information »,  il crée un isolement, en présentant le monde extérieur comme un amas de problèmes. Ainsi il fabrique l’aliénation. Guy DEBORD emploie cette formule : « plus on contemple, moins on vit ». Plus on cherche à s’identifier à ce modèle, moins on comprend son existence et ses désirs.

L’être s’efface au profit de l’avoir, un avoir de plus en plus inaccessible, en rupture avec les besoins réels. La frustration fait vendre. Cette insatisfaction devient banale, car elle est utilisée comme matière première du spectacle.

L’auteur montre également comment la marchandise devient spectacle, ce qui crée l’amalgame. 

La survie consommable, c'est-à-dire la possession minimum à travers laquelle nous sommes considérés comme membre à part entière de la société, est en croissance constante. Elle ne cesse de contenir la privation. La frustration fait vendre. La spectacularisation des marchandises crée constamment de nouveaux besoins, et réclame toujours plus de besoins.

La valeur d’échange, le prix, devient le seul usage possible, et asservit toutes les autres valeurs d’usage possible. Cela s’inscrit encore une fois dans l’optique de suprématie du modèle spectaculaire.

Toujours est il que dans les faits, nous ne consommons moins des besoins réels, pour manger ou se loger, que des besoins d’apparence. Cela satisfait entre autre ce que l’on appelle l’effet d’imitation.

Les besoins réels deviennent de plus en plus inaccessibles, puisque leur valeur d’usage est faussée par la marchandisation outrancière des besoins d’illusion.

L’illusion nous montre que la société dépend de l’économie, d’une manière irrévocable faute de dialogue, alors que le rapport réel serait son inverse. C’est l’économie qui dépend de la société et non le contraire.

 

Guy DEBORD remarque que « le mensonge qui n’est plus contredit devient folie ». Or ce système se base sur le mensonge, à l’image des publicités. Chaque nouveau mensonge de la publicité est un aveu du mensonge de la publicité précédente. Par exemple, cela fait trente ans que la lessive lave de plus en plus blanc.

L’usage primaire d’un objet étant limité, l’illusion s’étend encore une fois à l’apparence de l’objet. Ainsi, la marchandise évolue vers l’aberration, matérialisée par une profusion de gadgets. Ces gadgets peuvent être inhérents au produits (options) ou à la marque, sous forme de « cadeaux ».

 

Ces dons sont estampillés par la marque,  leur gratuité s’obtient en échange de l’acceptation de l’appartenance à cette marque. De plus, cela donne l’idée d’appartenir à une communauté et répond au phénomène de la transformation de « l’être » en « avoir ».

Par ces moyens détournés apparaît une autre forme de soumission.

 

Le spectacle montre la totalité du monde marchand en un seul bloc, tandis qu’il divise le monde des consommateurs pour mieux y régner. Il uniformise la vie réelle pour la transformer en vie apparente. Les représentants de cette vie apparente sont les vedettes, modèles dans le modèle. Leurs activités ne sont ni globales, ni variées même si elles représentent différents types de personnalités. Sous des allures de variété, ces différents types de personnalités trouvent tous le bonheur dans la consommation.

Cependant ce bonheur est illusoire car la satisfaction que la marchandise ne peut plus donner dans l’usage, elle le donne dans la reconnaissance de sa valeur. La marchandise est présentée comme prestigieuse et unique par le spectacle, mais elle devient cependant commune et  donc vulgaire quand elle entre chez le consommateur.

 

Cette unicité de la marchandise représentée est le comble de l’illusion; chaque marque lutte pour elle-même, doit se prétendre unique, cependant elle ne laisse aucun choix, annihile le libre arbitre, car tout choix réside déjà dans la proposition. Ce qu’elle donne, c’est un faux choix dans l’abondance.

Dans la suite de l’ouvrage, l’auteur dénonce le temps devenu spectacle, devenu marchandise, à l’image du remboursement à crédit dont la présence dans les média devient de plus en plus forte tandis que les travailleurs ont de plus en plus de mal à subvenir aux besoins réels. Nous assistons à la vente de blocs de temps « tout  équipés », intégrant un certain nombre de marchandises diverses. La publicité présente un temps pseudo cyclique consommable, qui s’évalue en fonction des nouvelles marchandises mises à disposition. Cette présentation du temps installe une routine basée sur la consommation. Nombre d’émissions télévisuelles commencent par rappeler cette routine, plus spécialement dans le phénomène de télé réalité : « Comme chaque jour depuis trois mois (…) n’oubliez pas de voter pour votre candidat favori ».

Pour rendre cette routine désirable, elle est présentée comme un moment désirable à distance, un moment de joie et de loisir.

 

Le temps spectaculaire est basé sur la rentabilité, le temps c’est de l’argent. La société du spectacle recherche le gain de temps. Cela nuit à la qualité du travail, et par là même aux marchandises qui sont sans cesse vantées. Cela n’a  pas d’importance car dans le temps pseudo cyclique consommable, une marchandise doit rapidement être remplacée par une plus récente. Le temps spectaculaire est donc la représentation d’une vision à court terme qui ne peut être que nuisible pour l’évolution globale d’une société. Il n’y a pas d’évolution dans la société du spectacle, elle se compose de clichés récurrents. Paradoxalement ces clichés rejettent le temps réel. Comme il faut maintenir les apparences, le temps spectaculaire ne prend pas la mort en compte. La plupart des clichés spectaculaires sont beaux, jeunes et en bonne santé. Les rares apparitions de personnes âgées à la télévision concernent la consommation de leur propre mort, sous forme d’assurance et de testament obsèques.

Cependant, l’absence de mort s’apparente sous un autre jour à l’absence de vie. Il faut prendre conscience du temps pour le vivre réellement.

 

Après s’être approprié le temps, la société du spectacle s‘approprie l’espace. Elle abolit les distances et les séparations. L’espace libre tend à devenir un espace marchand, sans cesse réaménagé, modifié, reconstruit en fonction de la consommation. C’est la consommation qui modifie le tissu urbain et non les habitants des villes. Les anciens logements qui sont détruits en centre ville deviennent la plupart du temps des centres commerciaux. Les nouveaux centres commerciaux éclipsent les anciens, qui sont délaissés. Le tissu urbain s’auto consomme.

Cette auto consommation peut s’appliquer à tout le système. La culture pour exister en tant que telle doit se consommer, se détruire, mourir, devenir historique.  L’autoconsommation est le devenir de ce système.

 

Pour l’auteur, « le spectacle est l’idéologie par excellence, parce qu’il expose et manifeste dans sa plénitude l’essence de tout système idéologique : l’appauvrissement, l’asservissement et la négation de la vie réelle. »

Le seul moyen de briser l’aliénation engendrée par la société du spectacle, c’est de s’émanciper des bases matérielles de la vérité inversée qui nous est chaque jour proposée par le spectacle.

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