Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
7 mars 2018 3 07 /03 /mars /2018 21:11

C'est un artiste dont je ne sais pas grand chose. Je pense qu'il est Lillois. J'ai vu une de ces expositions, et j'ai bien aimé le style. Un peu surréaliste, humour et noirceur, rapport texte/image.

Son site :https://www.francoistilly.com/

 

 

François Tilly
François Tilly
7 mars 2018 3 07 /03 /mars /2018 20:57

J'ai vu plusieurs video de cet artiste. c'est interessant également au niveau interactivité.

Je trouve ce qu'il montre pertinent et comique. Un tour sur son site ? 

https://www.hoogerbrugge.com/

 

 

 

Egalement, un concept, jeu video : HOTEL
18 février 2018 7 18 /02 /février /2018 11:34
Magritte

Hey ! J'ai lu ce bouquin.

Magritte, j'aime bien, sans dire pour autant que ça me chamboule. Mais c'est un artiste majeur de l'art moderne, toujours d'actualité.

En allant visiter le musée Magritte à BXL, il y avait ce bouquin. Une bio de Magritte, en quelque sorte. L'homme, semble t-il était assez discret pour ne pas étaler sa vie en dehors de son cercle de proches. Donc l'auteur a recuperé des temoignages, des lettres, etc, pour retracer l'évolution de la carrière Magrittienne.

Alors, comme tout bouquin qui se veut précis et complet .... C'était un peu chiant à lire. Tres factuel. D'ailleurs, il vaut mieux le lire avec la possibilité de consulter internet, pour voir les tableaux, ouvrages et textes qui sont cités tout au long du livre.

J'y ai  appris pas mal de choses, et maintenant je connais nettement mieux le sujet maintenant. L'auteur du livre, Michel Draguet, aborde la chronologie en liant autant que possible l'artiste à ses oeuvres, à ses collaborations (artistique et commerciale), au contexte socio -cultur-politique de l'époque...

Et aussi son evolution artistique, ses partis pris, ses influences, ...

Entre autre j'y ai appris que sa vie a été une lutte pour rencontrer un succes tardif et mitigé (je pensais que ça avait été un artiste tout de suite reconnu et assez riche financierement...) , qu'il s'est bien fait exploité par certains marchands, qu'il avait ll'embrouille facile (notamment avec Breton, qui ,semble t-il était assez radical dans ses catégorisations) malgré une certaine ouverture d'esprit. Et bien d'autres choses ...

Si vous cherchez à connaitre vaguement Magritte, lisez plutot un Taschen illustré, ce sera plus agréable.

Si vous voulez quelque chose de plus calé, ce livre est à lire. En conclusion, mon tableau préféré :

Magritte
18 février 2018 7 18 /02 /février /2018 11:31

Voici un doc BBC où Dino chapman explique sa relation à l'oeuvre de Goya et ce qu'il lui doit en tant qu'artiste.

* Désolé, je n'ai pas trouve de version sous titrée

17 février 2018 6 17 /02 /février /2018 11:00

C'est un videaste Français, plus ou moins associé à la nouvelle vague des année 60-70. Mais Ce qui est assez typique de Chris Marker, c'est qu'il ne rentre pas tellement dans une case. Et sa pensée s'en ressent.

On est ok : il utilise des procedés cinematographique experimentaux, utilisation du commentaire à outrance, peu de dialogue direct plan fixe, filtres, melange fiction/réalité , ...

J'avais pris connaissance indirectement de son travail, lorsque j'etais etudiant à la fac de Rennes. J'adorais ce film de Terry gilliam : l'armée des 12 singes. Et lors d'un cours dedié à la gestion du temps dans le cinema, on nous projeta un film de 26 min intitulé La jetée.

Un drole de truc. Tout en image fixes. Comme un roman photo, avec une voix racontant ce ui se passe à l'écran. Il raconte une histoire, à la fois souvenir et avenir, ... un peu un truc à la Vertigo.

Ok, c'est sympa, me dis-je. Et le prof nous explique que ce filme est à l'origine du film de Gilliam, etc, ...

Et donc j'avais catalogue C.Marker dans ce genre de film. Sans trop chercher plus loin.

Puis, quelques année plus trd. J'ai vu un projection consacré à la vie et l'oeuvre de C.MArker.

J'ai decouvert l'autre graaand aspect de son travail. Le documentaire.

Et franchement, je les trouve geniaux. Il a beaucoup traité de sujet socio-politique tout autour du monde : Guerre du kosovo, horizon du communisme des année 70, portrait de la France entre deux guerre, et beaucoup d'autres choses ....

Pourquoi j'aime ? C'est un reseau de chose. Sa pensée, je trouve, est trés bien construite. La manière de presenter les evenements/fictions (on ne sait jamais vraiment ), Le fait de donner systematiquement une dimension mondiale au question qu'il traite en y incluant plusieurs axes societaux et mélant les points de vues de divers milieux, puis synthetisant le tout par son point de vue à lui ... Enfin, il y a beaucoup à dire sur ce cineaste un peu trop ignoré.

Juste une phrase, trés juste, de lui : On ne sait jamais ce que l'on filme ....

 

15 février 2018 4 15 /02 /février /2018 21:32
Conteneur sur le port D'anvers

Voici une de mes dernières oeuvres ... En ce moment je m'amuse en mixant photo et aquarelle...

 

https://www.instagram.com/arrb_creation/

15 février 2018 4 15 /02 /février /2018 21:17

Voici un peintre americain qui peint des granges et des ferme, avec une preference pour les lieux abandonnés et rafistolés, semble t-il.

J'aime beaucoup le traitement de la matiere et de la lumière ( d'apres ce que j'en vois sur internet).

Et les sujets, au fond, sont aussi interessants, je trouve. Quoiqu'un peu buccolique, il s'en degage quelque chose de poetique.  Je crois que c'est la notion de rapiecement, d'abris fait de bric et de broc, ou d'un certain depouillement.

Le peintre remanie aussi legerement les proportions du réel afin de les magniifer en peinture.Vaudrait voir en vrai pour juger.

Enfin, je reconnais des similitudes dans le style avec d'autre peintre americain. Un genre de neo -classicisme pourrait-on dire.

Alors qu'en Europe, tout cela semble un peu mis de coté (pour ces quelques dernieres decennies), malgré une longue tradition en la matière. Dommage.

Enfin, sur ces considerations, je vous link sur son IG :

 

 

David Dibble
David Dibble
David Dibble
15 février 2018 4 15 /02 /février /2018 19:43

Voici un documentaire qui me parle bien. j'y ai retrouvé des thèmes qui m'importent.

Réalise par Florent Tillon en 2010, cette enquete nous propose une immersion dans la ville qui pourrait etre l'enfant maudit de usa.

Apres avoir assurée son apogée, cette ville taillée sur mesure pour repondre aux besoins d'une industrie massive s'est vu peu à peu desertée par ces grosses entreprises qui la façonnerent naguere, jusqu'a l'abandon quasi total, global, de la ville.

Ainsi, le reporter nous emmene à la rencontre des habitants qui nous livrent leurs impressions et leurs histoires, entre espoir et desarroi.

Vraiment super documentaire, j'ai trouvé. Car cette ville est symbolique de quelque chose d'innommable, peut etre.

Quelque chose qui mele grandeur et decadence, cruauté et humanisme, ... bref une opposition, un paradoxe propre à la surmodernité.

C'est assez emblematique du "servir ou mourir". Bien sûr, il s'agit d'une mort imposée et d'un service monnayé (enfin ...)

Les ruines envahissent la ville comme les mauvaise herbes. Face à cette situation, certain habitant prennent le parti d'exploiter positivement ces zones de transitions, en operant par exemple un retour à la nature. D'autre pronent la table rases et preferent abbatre les reste d'une epoque revolue.

Et de là se crée un nouveau terreau où poussera ....?? ..

Grossomodo, je vous conseille de visionner cela.

 

31 janvier 2018 3 31 /01 /janvier /2018 20:44
SCIERIE_CREVECOEUR_2011, photo prise par ARRB, AURELIEN BONNETAUD

SCIERIE_CREVECOEUR_2011, photo prise par ARRB, AURELIEN BONNETAUD

14 janvier 2018 7 14 /01 /janvier /2018 18:46
14 janvier 2018 7 14 /01 /janvier /2018 17:42

Voici un livre bien complet pour qui s'interesse à l'apprentissage de la photographie.

A destination des debutants, voire initiés,

C'est une bonne lecture, complete quji aborde l'aspect technique, materiel, artistique, mecanique...

Tres clair et accessible ( surtout par rapport à quelques autres book de photo que j'ai lu).

Si vous avez deja de bonnes bases, je ne sais pas si cette lecture vous sera utile, sauf pour rappel. Egalement, il n'y a pas d'information complete sur l'eclairage studio (en tout cas dans l'edition 2014) ...

A la base, je cherchais quelque astuce pour prendre en photo mes tableaux en interieur.

J'arrive à obtenir une bonne image, fidele au réel, bonne couleurs et contrastes ... Mais si j'elargis le champs au dela de l'image, pour prendre l'objet tableau sur le mur, je me retrouve avec un jeu d'ombres et  de penombres qui s'entrecroisent, c'est un rien compliqué d'attenuer/ gerer cela.

Avec des reflecteurs, etc ... ça s'ameliore mais à l'evidence il est complexe de tout combiner ...

Enfin, faut selectionner. On peut pas tout avoir !!! [ m'a dit un photographe a qui je demandais conseil ]

 

TOUTE LA PHOTO, ED. PRISMA

 

Toute la photo
23 octobre 2017 1 23 /10 /octobre /2017 12:14

Voici un extrait de l'emission tracks, à propos des artiste programmateur.

Je vous laisse regarder l'extrait ... Ce qui m'a interpellé c'est de voir à quel point ce mode de création peut debloquer des infinis. créer des espace immenses ex-nihilo ... Vaste

 

J'ai trouvé assez percutante l'idée de ce programmateur iranien de donner à voir concretement  le nombre de victimes engendrées par les conflit, catastrophes ... C'est cru, traumatique ...  mais ça decrit bien une réalité qui nous est couvent servie sous forme de chiffre abstrait, et donc plus propre

11 octobre 2017 3 11 /10 /octobre /2017 16:36

En resumé ...

2 octobre 2017 1 02 /10 /octobre /2017 19:13

Voici un peintre lillois qui fait exploser les murs avec de la couleur ! Tres inspiré par l'univers cartoonesque, il inscrit ses scenettes dans des fresques qui ne manquent pas d'attirer l'oeil!

http://www.4letters.fr/

4 letters
4 letters
2 octobre 2017 1 02 /10 /octobre /2017 19:01

Voici une artiste dont j'ai pu voir quelques oeuvres . j'aime le style simple, efficace, relaché ...

http://juliettepanier.ultra-book.com/

 

 

 

Juliette Panier
2 octobre 2017 1 02 /10 /octobre /2017 18:05

Voici un bouquin qui ne fletri pas .... 50 piges, et toujours aussi juste. helas, pourrait-on dire ...

Ecrit par Guy Debord,  en voici les grandes lignes :

 

La société du spectacle pose les bases d’une réflexion sur l’image que le système capitaliste veut renvoyer de la société, et sur le rapport que les individus entretiennent avec le « réel ». Il y décrit la présence croissante du spectacle dans notre société comme une « fabrication concrète de l’aliénation ».    

Le spectacle inverse le réel, qui est envahi par la contemplation du spectacle. Le réel devient à son tour spectaculaire. L’image devient réelle, le réel devient image, motivation d’un comportement hypnotique orienté vers la consommation.

 

Le vécu devient représentation, et cette représentation acquiert rapidement une indépendance à l’égard du vécu. Le spectacle concentre toute conscience et tout regard, en matérialisant une vision du monde qui devient un modèle. Ainsi le spectacle devient un instrument d’unification de la pensée. Le spectacle présente un point de vue unique qui représente le système et le justifie en permanence.

 

Le spectacle est la production principale de notre société. Il affirme l’apparence comme une valeur ultime, positive et indiscutable. Il s’oppose par là même à toute forme de dialogue.   Par le biais de la télévision, notamment grâce à « l’information »,  il crée un isolement, en présentant le monde extérieur comme un amas de problèmes. Ainsi il fabrique l’aliénation. Guy DEBORD emploie cette formule : « plus on contemple, moins on vit ». Plus on cherche à s’identifier à ce modèle, moins on comprend son existence et ses désirs.

L’être s’efface au profit de l’avoir, un avoir de plus en plus inaccessible, en rupture avec les besoins réels. La frustration fait vendre. Cette insatisfaction devient banale, car elle est utilisée comme matière première du spectacle.

L’auteur montre également comment la marchandise devient spectacle, ce qui crée l’amalgame. 

La survie consommable, c'est-à-dire la possession minimum à travers laquelle nous sommes considérés comme membre à part entière de la société, est en croissance constante. Elle ne cesse de contenir la privation. La frustration fait vendre. La spectacularisation des marchandises crée constamment de nouveaux besoins, et réclame toujours plus de besoins.

La valeur d’échange, le prix, devient le seul usage possible, et asservit toutes les autres valeurs d’usage possible. Cela s’inscrit encore une fois dans l’optique de suprématie du modèle spectaculaire.

Toujours est il que dans les faits, nous ne consommons moins des besoins réels, pour manger ou se loger, que des besoins d’apparence. Cela satisfait entre autre ce que l’on appelle l’effet d’imitation.

Les besoins réels deviennent de plus en plus inaccessibles, puisque leur valeur d’usage est faussée par la marchandisation outrancière des besoins d’illusion.

L’illusion nous montre que la société dépend de l’économie, d’une manière irrévocable faute de dialogue, alors que le rapport réel serait son inverse. C’est l’économie qui dépend de la société et non le contraire.

 

Guy DEBORD remarque que « le mensonge qui n’est plus contredit devient folie ». Or ce système se base sur le mensonge, à l’image des publicités. Chaque nouveau mensonge de la publicité est un aveu du mensonge de la publicité précédente. Par exemple, cela fait trente ans que la lessive lave de plus en plus blanc.

L’usage primaire d’un objet étant limité, l’illusion s’étend encore une fois à l’apparence de l’objet. Ainsi, la marchandise évolue vers l’aberration, matérialisée par une profusion de gadgets. Ces gadgets peuvent être inhérents au produits (options) ou à la marque, sous forme de « cadeaux ».

 

Ces dons sont estampillés par la marque,  leur gratuité s’obtient en échange de l’acceptation de l’appartenance à cette marque. De plus, cela donne l’idée d’appartenir à une communauté et répond au phénomène de la transformation de « l’être » en « avoir ».

Par ces moyens détournés apparaît une autre forme de soumission.

 

Le spectacle montre la totalité du monde marchand en un seul bloc, tandis qu’il divise le monde des consommateurs pour mieux y régner. Il uniformise la vie réelle pour la transformer en vie apparente. Les représentants de cette vie apparente sont les vedettes, modèles dans le modèle. Leurs activités ne sont ni globales, ni variées même si elles représentent différents types de personnalités. Sous des allures de variété, ces différents types de personnalités trouvent tous le bonheur dans la consommation.

Cependant ce bonheur est illusoire car la satisfaction que la marchandise ne peut plus donner dans l’usage, elle le donne dans la reconnaissance de sa valeur. La marchandise est présentée comme prestigieuse et unique par le spectacle, mais elle devient cependant commune et  donc vulgaire quand elle entre chez le consommateur.

 

Cette unicité de la marchandise représentée est le comble de l’illusion; chaque marque lutte pour elle-même, doit se prétendre unique, cependant elle ne laisse aucun choix, annihile le libre arbitre, car tout choix réside déjà dans la proposition. Ce qu’elle donne, c’est un faux choix dans l’abondance.

Dans la suite de l’ouvrage, l’auteur dénonce le temps devenu spectacle, devenu marchandise, à l’image du remboursement à crédit dont la présence dans les média devient de plus en plus forte tandis que les travailleurs ont de plus en plus de mal à subvenir aux besoins réels. Nous assistons à la vente de blocs de temps « tout  équipés », intégrant un certain nombre de marchandises diverses. La publicité présente un temps pseudo cyclique consommable, qui s’évalue en fonction des nouvelles marchandises mises à disposition. Cette présentation du temps installe une routine basée sur la consommation. Nombre d’émissions télévisuelles commencent par rappeler cette routine, plus spécialement dans le phénomène de télé réalité : « Comme chaque jour depuis trois mois (…) n’oubliez pas de voter pour votre candidat favori ».

Pour rendre cette routine désirable, elle est présentée comme un moment désirable à distance, un moment de joie et de loisir.

 

Le temps spectaculaire est basé sur la rentabilité, le temps c’est de l’argent. La société du spectacle recherche le gain de temps. Cela nuit à la qualité du travail, et par là même aux marchandises qui sont sans cesse vantées. Cela n’a  pas d’importance car dans le temps pseudo cyclique consommable, une marchandise doit rapidement être remplacée par une plus récente. Le temps spectaculaire est donc la représentation d’une vision à court terme qui ne peut être que nuisible pour l’évolution globale d’une société. Il n’y a pas d’évolution dans la société du spectacle, elle se compose de clichés récurrents. Paradoxalement ces clichés rejettent le temps réel. Comme il faut maintenir les apparences, le temps spectaculaire ne prend pas la mort en compte. La plupart des clichés spectaculaires sont beaux, jeunes et en bonne santé. Les rares apparitions de personnes âgées à la télévision concernent la consommation de leur propre mort, sous forme d’assurance et de testament obsèques.

Cependant, l’absence de mort s’apparente sous un autre jour à l’absence de vie. Il faut prendre conscience du temps pour le vivre réellement.

 

Après s’être approprié le temps, la société du spectacle s‘approprie l’espace. Elle abolit les distances et les séparations. L’espace libre tend à devenir un espace marchand, sans cesse réaménagé, modifié, reconstruit en fonction de la consommation. C’est la consommation qui modifie le tissu urbain et non les habitants des villes. Les anciens logements qui sont détruits en centre ville deviennent la plupart du temps des centres commerciaux. Les nouveaux centres commerciaux éclipsent les anciens, qui sont délaissés. Le tissu urbain s’auto consomme.

Cette auto consommation peut s’appliquer à tout le système. La culture pour exister en tant que telle doit se consommer, se détruire, mourir, devenir historique.  L’autoconsommation est le devenir de ce système.

 

Pour l’auteur, « le spectacle est l’idéologie par excellence, parce qu’il expose et manifeste dans sa plénitude l’essence de tout système idéologique : l’appauvrissement, l’asservissement et la négation de la vie réelle. »

Le seul moyen de briser l’aliénation engendrée par la société du spectacle, c’est de s’émanciper des bases matérielles de la vérité inversée qui nous est chaque jour proposée par le spectacle.

8 mai 2017 1 08 /05 /mai /2017 16:06

PSYCHOLOGIE DE L INCONSCIENT

Carl Gustav Jung

(1916)

 

 

Voici un résumé de l'ouvrage de C.G Jung, psychologie de l'inconscient. Je me suis applique à en garder l'essence et le style en sélectionnant tout les passages permettant de suivre le déroulement de la pensée de l'auteur. J'ai repris ces passages tels quels, afin de conserver le sens le plus proche de l'original. J'ai laissé de coté les études de cas, redondances et références « superflues ».

 

 

 

CHAPITRE PREMIER : LA PSYCHANALYSE

 

Ce dont le malade souffre, c'est de son âme, de son âme dans ses fonctions les plus élevées et les plus délicates, que l'on ose à peine rattacher encore au domaine de la médecine En présence de tels troubles, le médecin doit être aussi un psychologue, c'est à dire un connaisseur de l’âme humaine.

 

Avant d'aborder l’étude de notre sujet, il faut le situer par rapport à la science jusqu'alors régnante

Les premiers travaux dans ce domaine ne suscitèrent qu'un faible écho, bien qu'apportant une conception toute nouvelle des névroses Les publication suivante de Freud passèrent complètement inaperçues bien qu'elles apportassent des observations d'une importance inestimable.

On savait déjà du temps de Charcot que le symptôme névrotique est psychogene, c'est à dire qu'il est engendré par le psychisme. On savait aussi grâce aux travaux de l’École de Nancy, que n'importe quel symptôme hystérique peut être provoqué par suggestion. Également, on avait des connaissances assez précises, grâce aux recherches de Janet, sur les conditionnements psychomécaniques des manifestations déficitaires hystériques, comme les anesthésies, les parésies, les paralysies et les amnésies.

Mais on ignorait le genre de filiation et les modalités du rapport de cause à effet qui reliaient l’âme d'un malade avec son symptôme hystérique : les voies de la causalité psychique étaient totalement inconnues.

 

C'est alors aux environs de 1880 que le docteur Breuer fit une découverte qui constitua le point de départ de la nouvelle psychologie. A cette époque, l'on essayait d'expliquer ces perturbations par des théories anatomiques. La symptomatologie de l’hystérie est remplie d'impossibilités anatomiques. Par expérience, certaines affectation de l’ouïe, ou certaines cécité, démontrèrent que malgré leur objectivité, elles n’étaient en rien liées à des défauts anatomiques.

A partir d'un grand nombre d'observations, on était arrivé à la conclusion que seul le conscient du malade ne voit pas (cf.cecité) alors que la fonction sensorielle s'exerce par ailleurs de façon normale. Cet état de chose est en contradiction directe avec la nature même d'une perturbation organique,qui toujours atteint la fonction elle-même.

 

Breuer avait remarqué que l’état du malade se trouvait amélioré pour quelques heures chaque fois qu'il l'avait laissé raconter toutes les réminiscences ou fantasmes qui assaillaient son esprit. Celle ci baptisa ce traitement du nom de « Talking-cure », cure de conversation en français.

Certains troubles apparaissant en l'occasion d'une scène, d'un événement précis (ceux là même se trouvant améliores lors de sceance de talking cure) il en fut déduit une conception du choc traumatique, nervous shock.

 

De là naquit la doctrine dite »traumatique » pour laquelle le symptôme hysterique et l'hysterie elle-même proviennent de blessures psychologiques (traumata) dont l'impression persiste à l’état inconscient pendant de nombreuses années. Cela fut amplement confirmé, et il apparut qu'aucun des innombrable symptômes hystériques ne se développe au hasard, mais qu'il est toujours causé par des événements psychiques.

 

L'X, l'inconnue de l’équation, c'est la prédisposition. Tel malade est précisément prédisposé a ces manifestations.

 

Le problème avec lequel Freud se trouvait des lors confronté était : en quoi consiste cette prédisposition ? Cette façon d'envisager leproblemeamena logiquement à rechercher quel avait été l’état du malade avant le traumatisme. Car on a souvent l'occasion d'observer, au cours de scènes dramatiques de l'existence, combien les intéresses réagissent différemment à une même cause ; on sait que des choses qui sont indifférentes ou même agréables aux uns, peuvent susciter une profonde horreur aux autres...

 

On est force d'en conclure que manifestement l’intensité d'un traumatisme ne possède en elle même qu'un rôle pathogène assez secondaire ; ce sont des circonstances particulières qui confèrent, pour un sujet donné, sa signification de choc émotif à l’événement traumatisant. Autrement dit, ce n'est pas le »shock » en soi qui est pathogène de façon immuable, pour qu'il le soit il doit rencontrer une disposition psychique particulière, celle-ci, entre autre, peut constituer dans le fait que le malade inconsciemment attribue au choc une signification spécifique.

 

Le traumatisme auquel on attribue l'action pathogène n'est en réalité autre chose qu'une circonstance particulière à l'occasion de laquelle se manifeste un élément psychologique dont le malade, jusque là, n'avait pas conscience,à savoir un important conflit érotique.

On nous réplique souvent : mais pourquoi faut-il donc toujours que ce soit un conflit de nature précisément érotique qui détermine la névrose et non pas, peut être, un conflit d'une autre nature ?

La réponse : personne ne peut prétendre qu'il en soit forcement ainsi, c'est uniquement l’expérience qui montre que les choses se passent fréquemment de la sorte. L'amour avec ses problèmes et ses conflits joue un rôle essentiel dans la vie humaine, et une investigation approfondie et soigneuse révèle toujours que ce rôle est d'une importance beaucoup plus grande pour l’intéressé qu'il ne le soupçonne lui même.

 

La théorie traumatique a donc été abandonnée des qu'elle fut dépassée. Des qu'on sut que la névrose a des racines moins dans un traumatisme que dans un conflit érotique caché, on cessa d'attribuer au seul traumatisme la dignité pathogène.

 

CHAPITRE 2 : LA THEORIE DE L'EROS

 

La notion même de traumatisme se trouvait dépassée. Mais du coup la recherche se trouvait confronté avec le problème du conflit érotique. Avant tout, il est surprenant et presque incroyable que seule l’apparence trompeuse doive être consciente,tandis que la véritable passion reste cachée et échappe à la personne qui l’éprouve.

 

Si nous nous efforçons de formuler ce fait de façon théorique, nous arrivons à la proposition suivante : dans la névrose il y a deux tendances qui sont diamétralement opposées et dont l'une est inconsciente. Le conflit pathogène, tout en étant un concours de circonstances personnelles, est en même temps un conflit commun à toute l'humanité, qui se dévoile au sein de l'individu.

Car un des signes distinctifs de l'homme civilisé est, en toute généralité, la désunion existant au sein de lui même : le névrose ne constitue qu'un cas d’espèce de l'homme civilisé en désaccord avec lui même, du seul fait qu'il doit concilier en lui nature et culture.

Comme on le sait, le processus même de la civilisation consiste en un domptage progressif de tout ce qu'il y a d’animalité dans l'Homme;il s'agit bel et bien d'une domestication qui ne saurait aller sans révolte de la part de sa nature animale, assoiffée de liberté.

 

Nous savons également que ce n'est point toujours la nature instinctive, animale qui se heurte aux contraintes de la civilisation, créant ainsi la désunion avec soi même que l'individu perçoit au sein de son existence ; souvent il s'agit d'idées nouvelles qui jaillissent impétueusement hors de l'inconscient, qui s'opposent tout autant que les instincts aux normes de la culture régnante

Le névrosé participe sans en être conscient aux courants contemporains régnants, dont il donne une image et une expression dans ses propres conflits. La névrose, c'est la désunion existentielle en soi même. Chez la plupart, le motif du désaccord est que le conscient voudrait rester fidèle à son idéal moral alors que l'inconscient tend vers son idéal immoral, le conscient s’efforçant de le nier.

Ceci dit, le conflit peut aussi se présenter en sens contraire.

 

La question qui préside à la technique psychanalytique est celle ci : Par quel procède arriverai-je le plus vite et le mieux à connaître chez un malade les déroulements inconscients ?

La méthode initiale était une méthode hypnotique. Une seconde fut la méthode dites des associations. Mais la méthode la plus importante est, comme Freud l'a montrée, l'analyse des rêves.

 

Nous utilisons les rêves en tant qu'expression de l'inconscient : il doit nous révéler les secrets qui échappent au conscient. Le rêve manifeste, c'est à dire le rêve tel que nous nous le remémorons est, d’après la conception de Freud, la façade, qui tout d'abord ne laisse rien deviner de l’intérieur de l’édifice, mais au contraire le dissimule avec le plus grand soin grâce à la prétendue censure du rêve.

Mais si, en observant certaines techniques, nous invitons le rêveur à parler librement et si nous le laissons nous communiquer les idées qui lui viennent spontanément à l'esprit à propos des différents éléments de son rêve, il apparaît bientôt que les associations s'orientent vers certaines directions et sont centrées autour de certains sujets pour lui d'une haute portée personnelle.

Le conglomérat spécifique de pensées et de sentiments au sein duquel se nouent tous les fils du rêve constitue dans le conflit recherché, dans ses nuances personnelles et dans les variantes des circonstances particulières de la vie du sujet.

 

Selon Freud, il existe également des désirs inconscients, incompatible de nature avec les idées-forces de la conscience diurne. Il est des désirs infiniment pénibles que l'on ose même pas s'avouer à soi même, et ce sont précisément ceux là que Freud tient pour les générateurs essentiels des rêves.

En apparence, le rêve manifeste ne procède en rien de l'accomplissement d'un désir, il exprime plutôt une appréhension ou un souci, donc exactement le contrainte de l'impulsion inconsciente que l'on soupçonne. On sait bien qu'un soucis exagéré doit souvent, à bon droit, etre soupçonné du contraire de ce qu'il exprime.

 

Nous savons qu'une certaine couche de l'inconscient contient toutes les réminiscences qui échappent à la remémoration et , en outre, tout ce qui, en fait d'impulsion infantiles, ne saurait trouver d'utilisation dans une vie plus adulte.

Les possibilités d'expression dont dispose l'inconscient sont constitués en grande partie des réminiscences des premières années de la vie.

Quand on suit pas à pas l'histoire d'une névrose, on trouve régulièrement dans la vie du sujet un moment critique au cours duquel surgit un problème que le sujet n'a pas accueilli mais qu'il a tenté d'esquiver.

 

Le rêve s'occupe souvent de détails apparemment ineptes, et il nous apparaît souvent, de ce fait, fort ridicule. Ou bien il est par son extérieur tellement incompréhensible qu'il excite tout au plus notre étonnement. A cause de cette première impression qu'il nous donne, soit d’être ridicule ou incompréhensible, il nous faut triompher d'une certaine résistance, d'une certaine répugnance intellectuelle avant de nous décider de nous mettre sérieusement et patiemment au travail, pour débrouiller cet écheveau confus.

Mais lorsque nous avons enfin pénètre le véritable sens d'un rêve, nous nous apercevons, en contrepartie, que nous nous trouvons au cœur même du rêveur et de ses secrets; nous constatons alors que même un songe d'apparence insensée est en fait bourré, au fond, de sens et qu'il ne parle que de choses sérieuses et de la plus grande importance. Comme le dit Freud, l'analyse du rêve est la via regia, voie royale vers l'inconscient.

 

Ces rêves, au cours du traitement, dévoilent successivement, en les faisant remonter à la conscience, les contenus de l'inconscient qui vont des lors se trouver soumis à l'action purifiante de la lumière. Aussi faut il s'attendre à ce que le traitement soit ressenti comme un véritable supplice par les nombreux individus qui vivent en se faisant des idées fausses sur eux même. Il va leur falloir en effet abandonner à peu prés toutes leurs illusions les plus chères pour que quelque chose de plus beau et de plus profond puisse se développer en eux.

 

La psychanalyse rend conscientes les impulsions animales non pas pour les abandonner directement à une liberté sans frein, mais au contraire pour les hiérarchiser et les intégrer au sein d'un ensemble plein de sens. Car c'est un avantage certain d'avoir la pleine possession de sa personnalité, sinon les éléments psychologiques refoulés surgissent en d'autres point de l’économie psychique de manière parasitaire.

Une diminution de l'hypocrisie et un accroissement de la connaissance de soi même ne peuvent avoir que de bons résultats sur le plan de la tolérance à l’égard d'autrui, car on n'est que trop disposé à reporter sur l'autre le tort et la violence que l'on fait à sa propre nature.

 

Selon la doctrine Freudienne du refoulement , tout se passe comme si seuls les êtres « trop moraux » réprimaient leur nature instinctive. La morale n'a pas été rapportée du Mont Sinaï et imposée de force aux peuples. Elle constitue une fonction de l'âme humaine aussi vieille que l'humanité elle-même. Chacun la porte à priori en lui même, non pas sous forme de lois, mais sou forme de fibres de nature morale, sans lesquelles la vie en société serait impossible. C'est pourquoi, à tous les étage de la société, on retrouve des facteurs moraux. Mais les lois morales n'ont de validité qu'à l’intérieur d'un groupe humain donné. Avec une civilisation grandissante, on arrive à soumettre des masses humaines toujours plus denses au joug d'une même morale.

 

La vie érotique enclot des problèmes qu'elle comportera jusqu'à la fin des temps, quelles que soient les dispositions que des législations futures pourront être amenées à envisager. Sa problématique tient du fait que l'Homme possède à titre originel une nature animale, qui persistera tant que l'homme aura une corps animal ; et que sa nature est aussi apparentée aux formes les plus hautes de l'esprit. Par suite, la vie érotique ne s'épanouit que lorsque l'esprit et l'instinct se trouvent en une heureuse concordance. Trop d'animalité défigure l'Homme civilisé, trop de civilisation crée des animaux malades.

CHAPITRE 3 : L'AUTRE POINT DE VUE : LA VOLONTE DE PUISSANCE

 

Un pressentiment obscur nous avertit qu'ayant un corps, ce corps projette implacablement une ombre, et que, si nous ne faisons pas entrer ce coté négatif de notre nature dans l'ensemble, nous ne sommes pas complets : si nous nions ce corps nous ne sommes plus des etres à trois dimensions, mais des êtres aplatis qui ont perdu leur essence. Or, ce corps est un animal, avec une âme d'animal,c'est à dire un système vivant qui obéit de façon absolue à l'instinct. S'allier à cette ombre, cela revient à accepter l'instinct et à accepter aussi ses dynamismes gigantesques, qui menacent à l'arrière plan.

 

Nietzsche a vécu par delà l'instinct. Il prêchait de dire oui à l'impulsion, et il vécut cependant une négation de la vie. C'est pourquoi la vie de Nietzsche ne nous convinc pas de la justesse de sa doctrine. Car le « surhomme » veut aussi pouvoir dormir sans chloral, il veut pouvoir vivre à Naumburgou et à Bale,  il veut la femme et la progéniture, il veut de la considération et du prestige dans le troupeau social … Nietzsche omit de vivre un instinct, précisément l'instinct animal de la vie. Il fut donc sans grande surprise d'une personnalité maladive.

 

On pense en general que l'instinct pousse à réunir,  à s'accoupler, à procréer,qu'il tend vers la volupté et le bien être, vers la satisfaction de tous les désirs des sens. Mais cela revient à perdre de vue que cette énumération ne représente qu'un des versants possibles de l'instinct.

Car, à coté de l'instinct de conservation de l’espèce existe aussi l'instinct de conservation de soi-même.

Or, manifestement, c'est de ce dernier que parle Nietzsche, à savoir la volonté de puissance. Tout ce qui forme par ailleurs le monde des impulsions dérive pour lui de cette volonté : du point de vue de Freud et de la psychologie sexuelle c'est là une énorme erreur car pour tout adepte de la psychologie sexuelle ce sera chose aisée de démontrer que tout ce qu'il y a de sublime et d’héroïque dans les conceptions de la vie que s'est crée Nietzsche, n'est rien d'autre que la conséquence du refoulement et de la méconnaissance de « l'instinct », à  de l'instinct que cette psychologie là reconnaît comme fondamental.

L’état frissonnant de possession dans lequel Nietzsche se trouve fait de lui un héros, ou une espèce de demi dieu animé par le sentiment d'une grandeur supra humaine. Il se sent précisément « à six mille pieds par delà le bien et le mal. »

Pour l'observateur psychologue, cet état n'est pas inconnu, il s'agit là de « l'identification avec l'ombre », identification qui se produit avec une grande régularité dans les moment de collision entre le conscient et l'inconscient.

 

L'inhabituel,s'il ne doit pas se transformer en catastrophe, ne peut que se glisser à coté du quotidien, et encore à la condition que cela ne soit pas trop fréquent. Si la tension de l’héroïsme devint chronique, elle se transforme en crampes, et achemine vers la catastrophe et la névrose, ou vers les deux. Nietzsche est resté empêtré dans sa surtension psychologique.

 

Le désordre dans la conduite est une prérogative exclusive de l'Homme dont la conscience et la volonté libre peuvent à l'occasion se libérer contra naturam des racines qu'elles ont dans la nature animale. Cette particularité est la base inéluctable de toute culture, mais elle est aussi, des qu'elle est exagérée, la base de la maladie de l'âme.

 

En réalité,la nature humaine est en proie à un combat cruel et sans fin entre le principe du moi et le principe de l'instinct ; entre le moi qui est  structure et limitation, et l’instinct, protéiforme et sans limite,ces deux grandes instances étant, en outre, à égalité de puissance.

Tout ce qu'il y a en nous d'insignifiant, de petit, de lâche, se rétracte et se dérobe à la moindre intuition de ce monde angoissant – et pour cela le sujet trouve un excellent biais : il découvre que tout ce qu'il ressent en lui comme un étranger à lui-même est bel et bien le fait d'un autre individu que lui, d'un individu en chair et en os qui, justement, pense, fait, ressent appelle de ses vœux toutesles choses qui lui paraissent regrettables et méprisables. Ainsi, il a découvert une « tête de turc ».

 

Mais celui qui est un homme dans toute l'acceptation du terme se rend compte que son ennemi le plus redoutable, et même qu'une coalition  de ses ennemis ne peuvent se comparer en malfaisance à celle de son adversaire le plus acharné, à savoir l'adversaire intérieur, l'autre que l'on porte en son sein, son ombre.

 

[etude de cas]

 

L’intégrité de la personnalité constitue le principe suprême et doit en toute circonstance et en tout état de cause être ménage coûte que coûte.

L'amour et la perfection dans la conduite sont, on le sait, du point de vue de l'instinct de puissance, des moyens privilégiés pour parvenir à ses fins. La vertu sert bien souvent à forcer l'approbation d'autrui.

 

Mais que l'on s'accorde quelques réflexions et que l'on contemple la vie telle qu'elle est.

Que penser de ces individus innombrables qui aiment et qui croient à leur amour … jusqu'à ce qu'ils aient atteints leur but, et qui, cela fait, se détournent comme si ils n'avaient jamais aimé ?

Et en fin de compte, est ce que la nature elle même n'en fait pas autant ?

Peut etre a t-on aussi tendance à réfléchir le moins possible aux buts de l'amour, à y réfléchir on risquerait de faire des découvertes qui montreraient la valeur de notre propre amour sous un jour moins favorable que nous ne nous plaisons à le penser.

 

« Il existe pour chacun de nous en quelque endroit un effroyable et sinistre frère, qui est notre propre et vivante contrepartie, qui nous est relié par les liens du sang et qui contient et engrange méchamment tout ce que nous voudrions bien faire disparaître sous la table (E.T.A Hoffman ) »

 

Cependant, le lecteur demandera, dubitatif : mais à quoi peut donc bien servir une névrose ? A quelle efficacité vise t-elle ? Quiconque a dans son entourage immédiat un cas typique de névrose sait tout ce qui peut être « obtenu » avec elle.

Ces états déchaînent des flots de compassion, une appréhension sublime chez les parents dont l'angoisse n’égale que l'affection … Une attention démesurée.

 

Il est indubitable que l'instinct de puissance joue un rôle tout à fait extraordinaire. Il est vrai que la symptomatologie névrotique dans son polymorphisme complexe, constitue aussi des arrangements raffinés qui poursuivent leur but implacablement, avec une ténacité incroyable et des ruses qui n'ont pas leurs pareilles. La névrose a une orientation, une finalité.

 

CHAPITRE 4 : LES TYPES D'ATTITUDE

 

 nb : grosso modo >> sujet = soi-même  // objet = autre, exterieur

 

Les deux théories que nous venons de voir, contiennent l'une et l'autre des vérités importantes,et, bien que contradictoires, rien ne nous autorise à rejeter l'une en faveur de l'autre.

Il en découle que la névrose, manifestement, doit avoir deux aspects contradictoires, dont l'une cadre avec la théorie de Freud, et l'autre avec la théorie de Adler.

 

Certes à coup sûr nos deux chercheurs conçoivent le sujet en relation avec l'objet ; mais comme ils voient cette relation sous des angles différents !

 

Chez Adler, l'accent porte sur un sujet qui cherche à se mettre en sécurité et à dominer les objets et les choses, quels qu'ils soient;chez Freud, au contraire, l'accent porte entierement sur les objets qui, à cause de leurs propriétés spécifique et précises, sont favorables ou défavorables aux aspiration hédonistiques du sujet.

Cette divergence ne peut guère etre attribuée à autre chose qu'à une différence de tempérament, à un contraste entre deux types de mentalité humaine, dont l'une fait dériver l'efficience majeur essentiellement du sujet, tandis que l'autre au contraire fait dériver de l'objet les effets déterminants. Une opinion intermédiaire, grosso modo celle du sens commun, admettrait que l'activité humaine est conditionnée autant par le sujet que par l'objet.

 

La constatation de ce dilemme m'a amené à poser la question suivante : y'a t-il au moins deux types humain différents, dont l'un s'attache davantage à l'objet qu'à lui même et l'autre davantage à lui même qu'à l'objet ? Peut on de la sorte expliquer que l'Homme d'un de ces types ne voie qu'une chose, tandis que l'Homme du type opposé ne voie que l'autre, et qu'en raison de cet état de choses ils aboutissent à des conclusions contradictoires ?

 

Il n'y avait pas lieu de supposer que le sort choisissait et triait ses malades de façon si subtile que seuls ceux d'un certain groupe typologique s'adressait chaque fois au praticien du même groupe. Pour le traitement il est d'une importance déterminante de savoir si une bonne relation entre le malade et le médecin est possible ou non.

Chacun a ses limites personnelles. De trop grandes divergences ou, à fortiori, des incompatibilités déterminent, à une très grande échelle, des résistances.

 

J'ai fini par discerner, suite à de nombreuses observations, deux attitudes de base, deux disposition fondamentale : introversion et extraversion.

 

L'introversion, ches un sujet normal, s'exprime par un naturel réservé, méditatif, facilement hésitant, qui ne se livre pas volontiers, se dérobe aisément devant les objets, se trouve toujours quelque peu sur la défensive et se retranche avec prédilection derrière un attitude d'observation un rien méfiante.

 

L'extraversion, chez un sujet normal, s'exprime ar un naturel prévenant, en apparence ouvert et obligeant, qui se plie aisément à toutes les situations nouvelles, qui se fait rapidement de nouvelles relations et qui se lance souvent dans l'inconnu, sans soucis et en confiance, écartant délibérément les objections qui peuvent lui venir à l'esprit.

 

Chez l'introverti c'est manifestement le sujet qui joue le rôle décisif. Chez l'extraverti, c'est l'objet.

L'existence, en fait, de vastes différences entre les types m'a permis de comprendre que les deux théories opposées des névroses étaient la manifestation d'opposition typologiques.

 

Les deux théories des névroses ne constitue pas des théories générales. Elles sont dissolvantes et réductives. Mais il est impossible de vouloir tirer d'une simple théorie réductive une conception d'ensemble s 'appliquant aussi bien à l'âme malade qu'à l'âme bien portante.

Les symptômes de la névrose ne se bornent pas à être les conséquences de causes ayant un jour existé ; ils constituent en même temps des tentatives de parvenir dans l'existence à une nouvelle synthèse contenant un noyau de valeur et de sens.

 

Les deux théories que nous avons jusque là étudié ont cela de commun qu'elles mettent impitoyablement à nu tout ce qui, dans l'Homme, fait partie de son ombre. Ce sont des théorie, ou mieux, des hypothèse, qui nous expliquent en quoi consiste le ou les facteurs pathogènes et les paroxysme de leur action. Elles ne traitent donc pas des valeurs d'un être, mais au contraire, spécialement de ses non-valeurs qui se font fâcheusement sentir.

 

Une valeur est une possibilité grâce à laquelle de l’énergie peut se manifester et parvenir à son épanouissement. Mais dans la mesure ou une non-valeur est aussi une possibilité par laquelle de l’énergie peut fuser, cette non valeur peut être assimilée partiellement à une valeur, mais à une valeur qui ne détermine que des manifestations d’énergie inutile et nuisible. L’énergie en elle même n'est ni bonne, ni mauvaise, ni utile, ni nuisible, elle est indifférente, car tout dépend de la forme qu'elle revêtira. La forme donne à l’énergie sa qualité.

 

Dans la névrose, l’énergie psychique revêt indubitablement une forme inférieure et inutilisable. Les conceptions des deux théories réductives servent à dissoudre cette forme inférieure. En cette occurrence, elles font leurs preuves en tant que caustiques et, grâce à elles nous acquérons de l’énergie libre, mais indifférente.

 

Jusqu'ici il était admis que cette énergie nouvellement acquise passait à la disposition du conscient du sujet censé, des lors, pouvoir en disposer à son gré. D’après cette conception le malade a la possibilité de procéder, par décision arbitraire ou en suivant le fil de ses préférences, à la sublimation de ses impulsion instinctives. On ne peut pas, dans une certaine mesure, ne pas accorder à cette conception droit de cité, dans la mesure ou l'être humain est capable d'assigner à son existence une certaine ligne de conduite qu'il s'astreint à suivre. Mais nous savons qu'il n'est pas de science des prévisions humaines, ou de sagesse, qui nous permettent d'imprimer à notre vie une direction déterminée, si ce n'est pour de très petites etapes. Accordons que cette opinion valable pour un type « habituel », ne l'est pas pour un type « héroïque ».

 

Le nœud de ce problème funeste et épuisant consiste en ce que le train-train banal assaille d’exigences banales notre patience, notre puissance de dévouement, de persévérance et de sacrifice,etc ... à ces exigences on ne peut satisfaire que sur le mode de l'humilité, sans la moindre pose héroïque ou de m'as tu vu... ce qui nécessite rien de moins qu'un héroïsme invisible du dehors. Il ne brille pas, n'est pas encensé et doit toujours demeurer sous le voile du quotidien. Voila bien les exigences profondes qui, non satisfaites, déclenchent la névrose.

 

Notre volonté est une fonction dirigée par notre réflexion ; elle dépend donc de la constitution de celle ci.

Or, notre réflexion, pour mériter ce nom, doit être rationnelle, c'est à dire conforme à la raison. Mais a t-on jamais démontre et pourra t-on jamais démontrer que la vie et la destiné sont conformes à notre raison humaine, c'est à dire qu'elles sont rationnelles, elles aussi ?

 

L'irrationalité des evenement se montre dans le prétendu hasard. La vie, dans sa plénitude, tantôt obéit à des lois et tantôt leur échappe, tantôt elle est rationnelle, et tantôt elle est irrationnelle.

C'est pourquoi la ratio et la volonté qui table sur elle n'ont de valeur et d'efficience que dans un périmètre limité. Plus la démarche choisie rationnellement prend de l'expansion, plus nous pouvons être sûrs que nous excluons des possibilités irrationnelles de la vie, qui ont cependant tout autant le droit d'être vécues.  Avec des intentions rationnelles, on arrive guère qu'à maîtriser qu'une seule face du destin.

 

L’œuvre civilisatrice est une sublimation d’énergies libres opportunément voulue et concertée. Ceci est vrai également dans le cœur de l'individu et dans le cadre d'une personnalité. Et si la conception d'une organisation commune de la civilisation a subi une cruelle mise au point du fait de la guerre, l'être individuel lui aussi doit souvent, au cours de son existence, apprendre à ses dépens que les énergies prétendues « disponibles » ne permettent pas que l'on dispose d'elles. 

 

Les événements suivent un cours irrationnel et, fort mal à propos, l’énergie exige un canal de dérivation qui lui convienne, faute de quoi elle s'accumule et devient destructrice, elle régresse vers les situations dont le sujet a fait précédemment l’expérience.

Il n'est pas en notre pouvoir de dériver à notre choix une énergie « disponible » sur quelque objet rationnellement choisi.

 

Comme nous l'avons dit, cette énergie peut,dans le cas meilleur, être employée à volonté pour un bref laps de temps. Mais le plus souvent, elle regimbe et se refuse à innerver pour quelque durée que ce soit les possibilités rationnelles qu'on lui présente. Il faut se rendre à l'évidence : l’énergie psychique est une force, de caractère difficile et capricieux, qui entend choisir et ne pas s'en laisser imposer, et qui veut voir remplie les conditions qu'elle pose. Quelles que soient les quantités d’énergies latentes, elles demeureront inutilisable tant qu'on ne réussira pas à établir une pente d’écoulement.

 

Mais il n'est d’énergie que là où existe une tension entre contraires ; c'est pourquoi, pour la déceler, il faut chercher et trouver ce qui en face de l'attitude consciente constitue le contraire et l'opposé.

 

Les contenus psychique refoulés doivent devenir conscients afin que se crée entre les contraires une tension, sans laquelle cesserait la perpétuation du mouvement vital. La conscience, en quelque sorte, si on permet une image, se tient en haut, l'ombre en bas, et comme ce qui est en haut cherche toujours ce qui est en bas, de même que ce qui est en bas cherche toujours ce qui est en haut, de même que le chaud cherche à s’équilibrer avec le froid, chaque conscience cherche, sans peut être le savoir, son contraire inconscient, sans lequel elle est condamnée à la stagnation, à l'ensablement et à la pétrification. Ce n'est que du heurt des contraste que naît la flamme de la vie.

 

Tout un chacun ressent de façon absolue ce qui s'oppose à son principe majeur comme étant, par excellence, l'élément nuisible destructeur, voire même mortel, comment des lors le croire capable de la moindre puissance vitale positive ? C'est pourquoi on l’évite et on le craint.

 

La valeur de l'un est la non valeur de l'autre. On devrait penser qu'il n'y va que du sens commun, que chacun, conscient de ses propres valeurs, devrait pouvoir reconnaître et apprécier en toute quiétude les valeurs de l'autre, et qu'ainsi tout conflit serait superflu.

Combien de cas n'ai je vu où l'on s’ingéniait à mettre ces arguments de bon sens en avant, sans parvenir pourtant à un résultat pacifiant.

 

Là où il s'agit d'êtres normaux, une telle phase sera franchie presque en se jouant. Car normal est l'individu qui dans toutes les circonstance de la vie (pourvu q'uelles accordent le minimum nécessaire à la vie même) peut continuer à exister.

Mais bon nombre d'individus n'y parviennent pas ; cela montre qu'il n'y a pas tellement de gens normaux. Ce que nous entendons couramment par Homme normal est, à vrai dire, un Homme idéal dont le caractère composé d'un mélange harmonieux est rarement réalisé.

 

Gardons à l'esprit que personne n'est uniquement introverti ou uniquement extraverti ; que chacun possède au contraire les deux possibilités d'orientation, dont il n'a développé qu'une en tant que fonction d'adaptation. Nous arrivons à supposer que chez l'introverti l'extraversion sommeille quelque part à l’arrière plan, et que chez l'extraverti l'introversion mène une existence crépusculaire analogue.

 

L'introverti a réellement des capacités d'extraversion, mais il n'en a pas conscience, parce que l'attention de sa conscience est toujours centrée sur le sujet. Certes il voit bien l'objet, mais il en des représentations fausses, dépréciatives ou inhibitive de sorte qu'il s'en tient toujours le plus possible à distance, comme si l'objet était quelque chose de puissant et de dangereux.

 

Chez l'introverti, la réflexion précède l'acte. Chez l'extraverti, l'action précède la réflexion. On peut assister ponctuellement à un renversement du type pour chacun. Sous l'effet d'une motivation valable, d'un contexte particulier, le principe de second plan émergé soudainement au premier plan, devenant alors, tant que besoin est, le principe primordial.

 

Mais l'extraversion de l'introverti est différente de l'extraversion de l'extraverti. Il en va de même concernant l'introversion. Chez l'introverti, du fait de l'objet (motivation valable), est apparue une extraversion inférieure, tandis que chez l'extraverti c'est un introversion inférieure qui est apparue. Ceci nous amène à la proposition qui a servi de point de depart : la valeur de l'un est la non valeur de l'autre. Des événements positifs aussi bien que des événements négatifs peuvent rendre prééminente la fonction contraire, complémentaire mais inférieure.

 

Une fois cet  effet produit, survient la susceptibilité. La susceptibilité est le symptôme qui dénote l'existence d'un infériorité. Ainsi sont crées les fondements psychologiques de la discorde et des malentendus, non seulement de la discorde entre deux être, mais aussi de la desunion avec  soi même. Un des caractères essentiels de la fonction inférieure est de jouir d'autonomie : elle est indépendante, nous assaille et nous fascine nous enveloppe dans ses rets de sorte que nous ne restons pas maîtres de nous même et que nous ne sommes plus en état de faire un partage équitable entre nous et autrui.

 

En dépit -ou à cause- de ces données il n'en demeure pas moins que c'est une nécessité pour le développement du caractère d'accorder une certaine latitude à notre autre coté, précisément à notre fonction inférieure.

A la longue, il ne nous est pas possible de déléguer symbiotiquement le sort d'une partie de nous même à un autre être, de nous décharger d'une partie de nous même sur un autre; car à tout instant peut surgir, à l'improviste et nous trouvant cruellement impreparés, le moment où nous aurions besoin de notre autre fonction. Or, les conséquences peuvent en être graves : l'extraverti perd, en pareille circonstance, les liens rationnels, pour lui indispensables, qui l'unissent aux objets, et l'introverti ceux qui l'unissent au sujet

En renversant notre perspective, cela revient à dire qu'il est indispensable que l'introverti parvienne à l'action sans être en permanence freiné par des hésitations et des réticences, et que l'extraverti puisse faire retour sur lui même sans pour cela nuire à sa vie de relation.

 

Comme on le voit, il s'agit de deux attitudes naturelles, réciproquement opposées, ou de deux mouvements en sens contraires. Sans doute ces mouvements devraient ils constituer, dans une succession harmonieuse, un des rythme de la vie. Mais il semble qu'un art de vie tout à fait consommé soit nécessaire pour parvenir à ce rythme. Ou bien il faudrait être d'une inconscience absolue, de sorte que la loi du déroulement naturel ne put être troublée par aucun acte conscient ; ou bien il faudrait atteindre un niveau de conscience beaucoup plus élevé que ce n'est couramment le cas, afin d’être en état de vouloir et aussi d’exécuter les mouvements contradictoires du déroulement naturel.

 

Il est vrai que cette conscience supérieure, qui nous mettrait en état de vivre le grand Oui et le grand Non de la vie, constitue un idéal absolument surhumain, mais demeure néanmoins un but.

Notre mentalité actuelle ne nous permet sans doute que de vouloir le oui et de subir tout au plus le non. Si tel était déjà le cas il y aurait beaucoup de gagné.

Le problème des contraires, en tant que principes inhérents à la nature humaine, forme une nouvelle étape dans le processus progressif de la connaissance.

 

Chez l'être jeune, que l'on parvienne à dénouer les forces instinctives enchaînés dans la névrose et entravées par elle, et ces forces, délivrées, donneront au sujet un élan,  de l'espoir, des chances d'avenir meilleur et des possibilités d'élargir ses horizons.

Mais pour l'être qui a déjà pénétré dans la seconde partie de sa vie, ce sera le développement de la fonction des contraires, en sommeil jusqu'alors dans l'inconscient, qui procurera un germe novateur, un renouvellement de l'existence.

Cette évolution ne consiste plus à dissoudre des entraves infantiles, à détruire des illusions, survivance des premiers ages, ni à reporter les images parentales sur des figurations nouvelles ; ce développement ne peut se faire qu'en abordant le problème des contraires.

Une théorie psychologique qui aspire à être  plus qu'un simple moyen technique d'appoint doit reposer sur le principe des antinomies ; sans celui ci, elle ne pourrait se reconstruire qu'une psyché névrotique, privée d’équilibre, faute de ses balanciers. Car la psyché est un système à régulation autonome ; et il ne saurait y avoir équilibre ou d’autorégulation sans forces contraires capable de se contrebalancer.

Il faut se rendre à l’évidence : la plupart du temps l’énergie réputée disponible ne se laisse pas diriger arbitrairement dans une voie préconçue ; elle suit sa propre pente, tracée avant même que nous ne l'ayons dégagée de sa forme inutilisable.

De  nouveau nous nous heurtons au problème de l'utilisation de l’énergie disponible. Cette fois ci nous ferons confiance à la nature, et nous admettrons que, avant même d'avoir cherché, un objet aura été choisi, offrant à l’énergie une pente favorable.

 

 

CHAPITRE 5 : L'INCONSCIENT INDIVIDUEL ET L'INCONSCIENT COLLECTIF OU SUPRA-INDIVIDUEL

 

Le transfert en lui même n'est pas autre chose qu'une projection de contenu inconscients.

Tout d'abord ce sont les contenus dits superficiels de l'inconscient qui vont se trouver projetés. Toutes ces projection de fantasmes imaginatifs reposent sur des réminiscences personnelles.

En fin de compte peuvent apparaître des figurations de l'imagination qui revêtent un caractère extravaguant. L'objet du transfert paraît alors doté de qualité mystérieuses (magicien, démons, sauveur…) Certains de ces malades ont parfois beaucoup de peine à garder présent à l'esprit que ces fantasmes proviennent réellement d'eux même, de leur tréfonds, et qu'ils n'ont proprement rien ou presque rien à voir avec le caractère propre de l'objet du transfert. Cette erreur tenace provient de ce que des projections de cette espèce ne reposent sur aucun fond de réminiscences personnelles.

 

Dans chaque être individuel existent, en outre des réminiscences personnelles, de grandes images « originelles ». Ces figurations ancestrales sont constituées par les potentialités du patrimoine représentatif, c'est à dire par les possibilités transmises héréditairement de la représentation humaine. Cela explique en partie pourquoi certains motifs de folklore se répètent sur la planète entière en des formes identiques.

Ce faisant, je n'affirme nullement la transmission héréditaire de représentations, mais uniquement la capacité héréditaire de la capacité d’évoquer tel ou tel élément du patrimoine représentatif. Il y a là une différence considérable.

 

J'ai appelé ces images ou leur thème des archétypes. La découverte d'images archétypiques représente un nouveau progrès de nos conceptions : elle conduit à distinguer deux couches dans l'inconscient, un inconscient personnel et un inconscient impersonnel ou supra individuel. Nous désignons aussi ce dernier sous le terme d'inconscient collectif.

Détaché des sphères personnelles, il possède un caractère tout à fait général et ses contenus peuvent se rencontrer chez tout les êtres.

 

L'inconscient personnel, lui, contient les souvenir oubliés, les souvenirs refoulés de représentations pénibles, de sensation subliminale, perceptions sensorielle dont l'intensité n'etait pas suffisante pour franchir le seuil et pénétrer dans la conscience, et enfin des contenus qui ne sont pas encore assez mûrs pour pénétrer dans le conscient.

 

Les images originelles constituent les formes représentatives les plus générales et les plus reculées dont dispose l'humanité. Elles sont tout autant sentiments que pensée;elles ont même quelque chose comme une vie propre, indépendante et autonome.

 

Avec ces notions, nous avons trouvé l'objet que choisit la libido, après qu'elle a été délivrée de la forme personnelle et infantile du transfert : elle suit sa pente et plonge au plus profond de l'inconscient plus ancien.

 

Les plus grandes et les plus belles pensées se forment à partir de ces images primordiales, qui sont comme un canevas de base. Souvent déjà on m'a demandé d'où peuvent provenir ces archétypes ou images originelles. Il me semble qu'il est impossible d'expliquer leur formation sans admettre qu'elles constituent comme la précipitation d’expériences humaines, perpétuellement renouvelées.

L’archétype est une sorte de disponibilité, de propension à reproduire toujours à nouveau les même représentations mythiques ou images analogues. On pourrait admettre que les archétypes sont constitués par les empreintes, bien des fois imprimées, des réactions subjectives.

 

Mais, à ce qu'il me semble, ils ne sont pas que le résultat des empreintes laissées par ces expériences qui se renouvelles dans le cours de l'existence individuelle et collective ; mais en outre ils se comportent, considérés dans une perspective empirique, comme des centres énergétiques, comme des forces ou des tendances qui poussent le sujet à  renouveler ces même expériences.

Chaque fois en effet qu'un archétype surgit en rêve, en imagination, ou se manifeste dans la vie, il apporte avec lui et exerce une influence, une force par la puissance de laquelle l'individu le ressent comme étant « numineux » (de nature divine, surnaturel) fascinant ou incitant à l'action.

 

Ces images primordiales ne contiennent pas seulement tout ce qu'il y a de plus beau et de plus grand au sein de ce que l'humanité a jamais pensé, senti ou éprouvé, mais aussi toutes les pires infamies et les plus infernales inventions dont les hommes ont pu etre capables. En raison de leur énergie spécifique, ces images ( qui se comporte comme des centres autonomes chargés d’énergie) exercent une influence fascinatrice qui, s'emparant de la conscience du sujet, est capable de l’altérer profondément.

 

Le vieil Héraclite, qui vraiment était un grand sage, a découvert la plus merveilleuse de toutes les lois psychologiques, à savoir la fonction régulatrice des contraires ; il l'a appelé enantiodromie, la course en sens opposé, ce par quoi il entendait que toute chose un jour se précipite dans son contraire. C'est ainsi que l'attitude rationnelle civilisée aboutit nécessairement à son contraire, c'est à dire à la dévastation irrationnelle de la civilisation.

 

Je disais tout à l'heure qu'il semblait toujours y avoir dans l'âme humaine  quelque chose comme une puissance supérieure. Par là, je voulais exprimer le fait qu'il y a toujours une impulsion ou un ensemble quelconque de représentations sur laquelle converge la plus grosse part d’énergie psychique, et qui par là, asservira le moi à sa domination. Habituellement, le moi est tellement attiré par ce foyer d’énergie qu'il s'identifie à lui et croit n'avoir besoin de rien d'autre, n'avoir aucune autre chose à souhaiter. Mais par là même se crée un penchant, une monomanie, une possession qui fait courir les plus grand risques à l’équilibre psychique. Assurément, la faculté de se consacrer ainsi à une activité déterminée et unilatérale est le secret de certains succès, et c'est pourquoi notre civilisation fait de grands effort pour développer ces tendances spécialisées.

On croit encore avoir la faculté de vouloir, la liberté de choisir, et on ne s'aperçoit pas que l'on est déjà  possédé, que la passion règne déjà en maîtresse et s'est emparée du pouvoir.

 

La loi cruelle de l'eniantiodromie n’épargnera que celui qui sait se distinguer, se différencier de l'inconscient ; et cela non pas par le refoulement dont le seul résultat est que les choses refoulées s'emparent du sujet à son insu, mais en regardant l'inconscient bien en face comme quelque chose de nettement bien distinct du moi.

Il faut que le patient apprenne à distinguer ce qu'est le moi et ce qu'est le non moi, c'est à dire la psyché collective. La distinction entre le moi et le non moi psychologique suppose que l'être soit fermement établi dans les fonctions de son moi, c'est à dire qu'il accomplisse son devoir à l’égard de la vie, afin d'être à tous les points de vues un membre valable de la société humaine. Tout ce qu'il néglige à cet égard tombe dans l'inconscient et fortifie la position de celui ci, de sorte que l'homme court le risque d’être englouti par lui.

 

L’Homme a deux fins dans la vie,la première c'est la fin naturelle, la procréation d'une descendance et les soins que nécessitent la préservation de la couvée, soins qui comprennent le gain et la position sociale. Lorsque cela à été satisfait, une autre phase commence, celle qui a pour but la culture.

 

Pour arriver au premier de ces buts nous sommes aidés par la nature, et de plus par notre éducation ;

pour arriver au second nous ne sommes secondés par rien, ou peu de chose.

C'est pourquoi le passage de la phase « naturelle » à la phase « culturelle »est, pour tant de personnes, si laborieux et si amer ; elles s'accrochent aux illusions de la jeunesse ou bien encore à leurs enfants, espérant ainsi sauver un lambeau de jouvence.

 

Il n'y a donc pas lieu de s’étonner si un bon nombre de névroses graves se déclarent au début de l’après midi de la vie. Ce que la jeunesse trouva et devait trouver au dehors, l'Homme dans son après midi doit le trouver à l’intérieur de lui même.

 

La transition de la matinée à l’après midi de la vie se fait par une sorte de transmutation des valeurs. La nécessité s'impose de reconnaître la validité, non plus de nos anciens idéaux mais de leur contraires, de percevoir l'erreur dans ce qui était jusqu'alors notre conviction, de sentir le mensonge dans ce qui était notre vérité, et de mesurer combien il y avait de résistance et même d'animosité dans ce que nous prenions pour de l'amour. Bien des gens qui se sont fourvoyés dans des conflits suscités par le problème des contraires jettent par dessus bord tout ce qui autrefois leur paraissait bon et désirable et cherchent à vivre en opposition complète avec leur moi d'autrefois.

L’inconvénient de cette conversion radicale au contraire de ce qui jusque là avait formé l'armature de la vie, c'est que dorénavant la vie précédente va se trouver refoulée ; cela crée aussi un état aussi  instable que l'état précèdent, où le contrepoids des vertus et des valeurs conscientes était encore réprimées et inconscients.

 

C'est naturellement une erreur fondamentale de croire que si nous  distinguons ce qu'une valeur précédemment hissée sur le pavois comporte de non-valeur, ou une vérité d'inexactitudes, cette valeur ou cette vérité se trouve annulées : elles sont seulement devenues relatives. Tout ce qui est humain est relatif, en tant que reposant sur des contrastes intérieurs;car tous les phénomènes sont de nature énergétique.

 

Tout ce qui est vivant est énergie, et par conséquent, repose sur la tension des contraires. C'est pourquoi la propension à renier toutes les valeurs antérieures au profit de leurs contraires est tout aussi exagérée que l'attitude exclusive qui l'a précédé.

Il ne s'agit pas de viser à une conversion radicale, mais à une conservation des valeurs anciennes auxquelles vient s'ajouter la prise en considération de leurs contraires.

 

Il est vrai que par cette connaissance même nous échangeons la sécurité apparente dont nous avons joui jusqu'ici contre un état d'incertitudes, de désaccords, de convictions contradictoires. Le pire dans cet état, c'est qu'en apparence, il n'offre aucune issue.

 

Toutes les fois qu'un être se trouve devant un obstacle psychologique, en apparence insurmontable, il recule, il fait ce que l'on appelle en terme technique une régression ; ce terme exprime que le sujet  se reporte aux époques antérieures où il s’était trouvé en des situations analogues, et qu'il est tenté d'employer à nouveau les moyens qui lui ont réussi. Mais ce qui dans la jeunesse a réussi n'est plus dans la vieillesse d'aucun secours.

Après de tels échecs, la régression continuant d’étape en étape remonte jusqu'à l'enfance et finalement au temps qui précède l'enfance.

 

Lorsque la régression de l’énergie psychique dépasse même les temps infantiles les plus précoces, elle fait irruption dans les traces ou vestige de la vie ancestrale et éveille alors des images mythologique, les archétypes.

Un monde spirituel, dont nous n'avions précédemment pas le moindre soupçon, s'ouvre alors dans notre intimité et des contenus psychiques apparaissent, qui forment à l'occasion les contrastes les plus frappants avec toutes nos conceptions antérieures.

 

 

Par de pareils rapprochements la signification de l’expérience vécue spontanément se trouve remplacée par des images et un vocabulaire emprunté à des sources qui lui sont étrangères et par des conceptions, des idées ou formes de perception éventuellement non autochtones; n'ayant pas jailli sur notre sol, elles ne sont pas en rapport avec nos sentiments, mais tout au plus reliées à notre intellect qui, ne les ayant pas engendrées, n'est même pas en état de les penser clairement.

 

A « emprunter » ainsi on acquiert un bien volé qui ne profite pas, car il forme comme un succédané qui rend les êtres irréels et fantomatiques ; ceux ci vont remplacer les réalités vivantes par des mots vides de sens et si ces individus se hissent ainsi hors des tensions douloureuses qu'imposent les contrastes, ils pénètrent et s'enferment, par ce fait même dans un monde édulcoré à deux dimensions où le réel s'estompe pour n’être plus fait que d'ombres et de spectre, où se flétrit et meurt toute force créatrice.

 

Ces images se sont formées au cours de la vie de nos lointain aïeux. A cause des contrastes qui les opposent à l'état conscient, elles ne peuvent être transférées directement dans notre monde quotidien, et c'est pourquoi il faut trouver un trait d'union entre ces deux réalités, la réalité consciente et  la réalité inconsciente.

 

CHAPITRE6 : LAMETHODE SYNTHETIQUE OU CONSTRUCTIVE

 

Le dialogue,la confrontation avec l'inconscient est un processus ressenti, selon, les cas, comme un déroulement que le sujet subit, ou comme un travail qu'il accomplit ; il a reçu le nom de fonction transcendante;car il s'agit d'une fonction qui, tel un pont appuyé sur des piliers, se fonde sur des données dont les unes sont réelles, les autres imaginaires, ou encore dont les unes sont rationnelles et les autres irrationnelles, et qui surmonte ainsi le ravin béant, la discontinuité séparant le conscient de l'inconscient.

Cette fonction transcendante constitue un processus naturel ; c'est une manifestation de l’énergie libérée hors de la tension polaire entre les contraires, et elle se matérialise en une suite de phénomènes imaginatifs qui surgissent spontanément dans des rêves et des visions.

 

Les théories étudiées au début de ce petit ouvrage reposent sur un procède exclusif de réduction causale, qui décompose le rêve (ou fantasmes) en ses constituant, réminiscences et motivation instinctuelles et impulsives. Cela comporte des limitations : elles s’épuisent au moment où les symboles oniriques ne se laissent plus réduire à des réminiscences ou à des volitions personnelles, c'est à dire des que surgissent les images de l'inconscient collectif.

 

Je dus d'abord me convaincre que « l'analyse », dans la mesure où elle n'est que dissection, doit être nécessairement suivie d'une synthèse, et qu'il existe des matériaux psychiques dont la signification, dans une perspective strictement analytique, est à peu prés nulle, alors qu'ils sont d'une grande plénitude de sens si au lieu de chercher à les décomposer, on les confirme dans leur particularités et si on élargit même, grâce à tous les moyens conscients dont nous disposons, leur allusions significatives : c'est la notion « d'amplification ». 

 

Après que l'analyse a disséqué les matériaux imaginatifs symboliques en leur composantes, le procédé synthétique doit aider à intégrer l'ensemble en une expression générale et compréhensible.

 

Le procède d'analyse qui vise à tout ramener aux causes présente certains désavantages :

1/ il ne tient pas compte des associations qui viennent spontanément à l'esprit du malade.

2/ Le choix électif d'un symbole particulier reste obscur

3/ le procédé de réduction aux causes oublie que le rêve est un phénomène subjectif et qu'une interprétation exhaustive ne pourra jamais établir le rapport du symbole avec le sujet, c'est à dire que la personne qui fait le rêve exprime des tendances et conditions psychologiques qui gisent dans son inconscient. 

 

J'appelle « interprétation sur le plan de l'objet » toute interprétation dans laquelle les expressions du rêve sont tenues pour identiques à des objets réels.

A l'opposé de cette interprétation se situe celle qui met en rapport avec la psychologie du rêveur lui même chaque élément du rêve, par exemple chacune des personnes agissantes qui y figurent (une identification ne peut jamais se produire que sur la base d'une ressemblance inconsciente, restée cachée et dont le sujet n'a pas compris la portée.). Ce dernier procède s'appellera interprétation sur le plan du sujet.

 

L’interprétation sur le plan de l'objet est analytique car elle décompose le contenu du rêve en sa trame complexe de réminiscence, de souvenirs qui sont l’écho de conditions extérieures.

L’interprétation sur le plan du sujet au contraire est synthétique en ce qu'elle détache des causes contingentes les complexes de réminiscences, et les donne à comprendre comme des tendances ou des composantes du sujet, auquel ce faisant elle les intègre de nouveau.

 

Pour comprendre le langage des rêves, nous devons faire de larges emprunts à la psychologie des primitifs et à la symbolique historique, et nous laisser guider par les parallèles que nous trouvons entre ces données objectives et les matériaux de nos malades.

 

CHAPITRE 7 : LES ARCHETYPES DE L'INCONSCIENT COLLECTIF

 

Il nous reste maintenant pour tâche d'envisager sur le plan du sujet les relations interprétées d'abord sur le plan de l'objet et de les considérer comme des représentations symboliques de complexes subjectifs du malade .

 

Chaque fois qu’émerge un élément inacceptable de la sorte, il faut d'abord se demander s'il s'agit d'une qualité personnelle ou d'un attribut qui ne l'est pas.  L'image archétypique semble bien représenter des qualités qui, selon les dénominations même que les hommes leur ont données, révèlent des l'abord qu'il ne s'agit pas de qualité humaine dans l'acceptation personnelle du terme, mais de qualités mythologique (magicien, démon, …).

De tels attributs indiquent toujours que des contenus qui meublent l'inconscient collectif ou supra-individuel se trouvent projetés.

Car les « démons » pas plus que les « magiciens » ne sont des réminiscence personnelles, bien que naturellement chacun de nous en ait un jour entendu parler ou ait lu quelque chose à ce propos.

 

Un élément projeté se concrétise inconsciemment en rêve en une silhouette imaginative.

Or même si l'objet illustratif du transfert n'est plus d'actualité dans la vie quotidienne du sujet, une projection de cette sorte est toujours actuelle, cela revient à dire qu'il doit exister en quelque lieu, quelque personnage sur lequel cet élément est projeté.

Ces réflexions nous ramènent insensiblement sur le plan de l'objet, car sans ces passage de l'un à l'autre plan nous ne pourrions jamais retrouver le réceptacle de cette projection.

 

En dehors de l’éventualité ou les personnes sur lesquelles se retrouvent projetés des qualités mythologiques s’avéreraient effectivement constituées de ces qualités (magicien, démon, …),   il ne peut s'agir que d'une silhouette, d'une expression mythologique, ce qui revient à dire que ce qui est en jeu est la psyché collective et non une psyché individuelle.

Dans la mesure ou, par notre inconscient,  nous participons à la psyché historique et collective, nous vivons de façon inconsciente et naturelle dans un monde de loup garou, de démons et des magiciens, etc …Car ce sont là des représentations qui ont inspiré, durant les époques antérieures à la notre, les émotions les plus intenses à tout le genre humain.

De façon analogue notre existence participe à celle des dieux et des diables, mais il serait insensé de prétendre s'attribuer de façon personnelle ces possibilités inhérentes à l'inconscient.

 

C'est pourquoi  il est d'une absolue nécessite de d’établir une démarcation entre ce qui est personnel et relève de notre responsabilité, d'une part,  et ce qui est impersonnel.

Cela n'est point pour nier l'existence éventuellement très efficace des contenus de l'inconscient collectif ; mais ces derniers sont, en tant que teneur de la psyché collective, à distinguer de l'âme individuelle.

 

Il convient de reconnaître l'irrationnel comme une fonction psychique qui, puisqu'elle existe toujours, doit être nécessaire, et considérer ses contenus, non pas comme des réalités concrètes mais comme des réalités psychiques,car il s'agit de données efficientes, donc de chose réelles.

 

Or, nous l'avons vu, l'inconscient collectif apparaît comme le résultat des sédimentations précipitées par l’expérience humaine depuis des éternités, et en même temps comme un a priori de cette expérience, une image préformée du monde. Au sein de cette image certains traits ont pris au cours des siècles un relief particulier ; je parle alors de dominantes de l'inconscient collectif ou d’archétypes.

 

Dans la mesure où ces images sont des représentations relativement fidèles des événements psychiques, les archétypes correspondent également à certains caractères fondamentaux et généraux du monde physique.

A cause de cette parenté, de cette contamination avec les manifestations du monde physique, les archétypes se présentent le plus souvent sous forme de projections ; et ,en particulier, lorsque ces projections sont inconscientes, elles s'attachent aux personnes qui forment l'entourage du sujet.

Elles prennent, en règle générale la forme de dépréciations, ou de surestimations, anormales.

 

C'est pourquoi les archétypes sont des facteurs d'une extrême importance, susceptibles d'effets considérables, et auxquels il faut accorder la plus grande attention.

Comme la plupart des archétypes apparaissent sous forme de projections et comme ces dernières ne se fixent que là où un motif contingent les y convie, leur dépistage et leur appréciation sont des plus délicats.

 

Lorsque par exemple quelqu'un projette l'image du diable sur l'un de ses semblable, c'est parce que cet être à en lui quelque chose qui permet de lui apprendre cette dominante. Mais cela ne veut pas dire pour autant que cet être est un démon, au contraire, ce peut être un être incroyablement bon, mais qui serait séparé du sujet projetant par quelque incompatibilité, et c'est celle ci qui détermine de l'un à l'autre un effet diabolique, c'est à dire séparateur.

 

En pénétrant dans le  monde des archétypes nous venons de faire un grand pas en avant. Grâce à cette notion, l'influence magique ou démoniaque qu'on prêtait a autrui disparaît, puisqu'elle permet de ramener la sensation mystérieuse à une grandeur immuable de l'inconscient collectif. Mais à sa place nous avons maintenant une tache toute nouvelle et insoupçonnée jusqu'ici : il faut dorénavant nous demander comment le moi doit se confronter avec ce non-moi psychologique.

Une dissociation aussi profond exige tout aussitôt une synthèse, qui ne peut être obtenue que par le développement de ce qui n'a pas encore été développé.

 

Une éruption de l'inconscient se produit facilement dans les moments de modifications et de décisions importantes.

 

Les archétypes  sont naturellement à l’œuvre partout et toujours. Le traitement pratique toutefois n'exige pas, dans chaque cas d’espèce, qu'on s’appesantisse sur leur compte; ceci en particulier chez les sujets jeunes. Par contre, chez les sujets qui ont ont atteint ou dépassé la moitie de la vie, il est nécessaire d'accorder une attention particulière aux images de l'inconscient collectif, car c'est en lui que réside les sources d'où jailliront les indications permettant de travailler à la solution du problème des contraires. L’élaboration consciente de ces données irrationnelles constitue cette fonction transcendante dont j'ai parlé plus haut, qui aboutit grâce à l'apport des archétypes à la formation de conceptions qui concilient les éléments psychologiques en apparence inconciliable.

 

Par « formation de conceptions » je n'entend pas une compréhension simplement intellectuelle, mais une compréhension basée sur l’expérience vécue. Un archétype, comme nous l'avons vu, est une image dynamique, un élément de la psyché objective auquel on ne rend pleinement justice qu'en le rencontrant comme un partenaire autonome.

 

Une description générale de ce processus, qui peut s’étendre sur une longue durée, serait assez dépourvue de sens- à supposer pareille description possible- car il revêt dans chaque cas individuel des formes variées à l'infini.

Le seul dénominateur commun est constitué par l'apparition régulière de certains archétypes. Citons en particulier ceux de l'ombre, de l'anima, de l'animus, de la mère, de l'enfant, du vieux sage, à coté d'un nombre indéterminé d'autres archétypes qui reflètent d’autres situations individuelles précises. Une place particulière doit être assignée à ces archétypes qui marquent le ou les buts du processus évolutif.

 

Le sens et le but de ce processus évolutif sont de réaliser, dans son intégralité, avec tous ses aspects, la personnalité originellement préfigurée dans le germe embryonnaire. Ce dont il s'agit, c'est d’établir et d’épanouir la totalité potentielle originelle. Les symboles que l'inconscient utilise pour cela sont les même que l'humanité utilisa depuis toujours pour exprimer la totalité, la complétude, la perfection. J'ai désigné ce processus du nom de processus d'individuation.

 

Ce processus devint pour moi le modèle et le fil d'Ariane de ma méthode de traitement.

La compensation inconsciente d'une situation conscientielle névrotique renferme tous les éléments qui pourraient corriger avec efficacité l’unilatéralité de la conscience, s'ils étaient consciemment compris, c'est à dire si ils étaient intégrés en tant que réalité à l'état conscient.

Il est rare qu'un rêve soit d'une intensité telle que le choc désarçonne la conscience. En règle générale les rêves sont trop faibles et trop incompréhensibles pour exercer une efficacité profonde sur la conscience.

Partant de là, les compensations se déroulent dans l'inconscient sans efficacité immédiate ; pourtant elles exercent un effet,mais celui ci est indirect : à force d'être continuellement méprisé, l'opposition inconsciente arrange des symptômes et monte en toute pièce des situations qui, en définitive, paralyseront de façon invisible les intentions de la conscience.

 

Quand un cas est traité comme nous venons succinctement de l'indiquer, la direction des opérations revient à l'inconscient du sujet, tandis qu'à son conscient incomberont la critique, le choix et les décisions. Si ces dernières sont pertinentes, on en aura bientôt confirmation par des rêves qui marqueront le progrès accompli ; dans le cas contraire, l'inconscient procédera à des réajustements et à des corrections. On peut dire que le cours du traitement est comparable à un continuel dialogue avec l'inconscient.

 

Mais, peut on se demander, quand est-on sûr de l’interprétation obtenue ?

Si l’interprétation donnée à un rêve est incorrecte ou incomplète, le rêve suivant peut nous le faire remarquer.

 

Comment ?

Le thème litigieux, par exemple, sera répété à nouveau sous une forme plus claire,  ou bien l’interprétation fournie sera dévalorisée par quelque paraphrase ironique, ou bien encore ce sera par une opposition directe et violente que cela se manifestera.

 

Alors que l’interprétation exacte est, elle, en général, validée par un regain de vitalité, l’interprétation fausse se condamne elle même par la stagnation.

 

 

CHAPITRE 8 : CONSIDERATIONS GENERALES SUR L'INCONSCIENT ET LA THERAPEUTIQUE ANALYTIQUE.

 

Ce serait une erreur de croire que l'inconscient est quelque chose inoffensif.

Assurément l’inconscient n'est pas dangereux en toutes circonstance ni chez tout le monde.

Mais des qu'il existe une névrose celle ci est un signal d'alarme qui indique qu'il s'est produit dans l'inconscient une accumulation toute particulière d’énergie, formant une charge susceptible d'exploser.

On ignore totalement ce que l'on est susceptibles de déclencher quand on commence à analyser les rêves d'un sujet. Il se peut qu'on mette ainsi en mouvement quelque chose d’intérieur, d'invisible.

 

Du fait que la technique d'analyse active l'inconscient et l'aide à s'exprimer, elle détruit, en pareil cas, la compensation salutaire qui s’était installée, et l'inconscient fait irruption sous forme d'imaginations irrépressibles, d'onirisme, donnant lieu à des états d'excitation qui, dans certaines circonstances aboutissent à une aliénation mentale durable, à moins qu'elle n'ait auparavant poussé au suicide.

En dehors des risques inhérents au traitement, l'inconscient peut devenir dangereux lui même.

Une des forme les plus fréquente que revêtent les dangers qu'il fait courir, c'est la détermination d'accidents. Un nombre d'accidents de toute nature, beaucoup plus considérable que le public ne le pense, répond à un conditionnement psychique.

 

Un fonctionnement défectueux de l'âme peut porter au corps de notables dommages, de même que réciproquement une affection physique peut entraîner une souffrance de l'âme. Car l'âme et le corps ne sont pas des éléments séparés.

 

Mais ce serait une erreur de ne mettre en relief que le cote défavorable de l'inconscient. Dans les cas courant, celui ci ne devient défavorable que lorsque nous sommes en désaccord avec lui, donc en opposition avec des tendances majeures de nous même.

L'attitude négative à l'adresse de l'inconscient, voire sa répudiation par le conscient, sont nuisibles dans la mesure où les dynamismes de l'inconscient sont identiques à l’énergie des instincts.

Par conséquent, un manque de contact et de liens avec l'inconscient est synonyme de déracinement et d’instabilité instinctuelle.

 

Mais si l'on réussit à établir cette fonction dite transcendante, la désunion avec soi même cessera et le sujet pourra bénéficier des apports favorables de l'inconscient. Quand cette désunion cesse, l'inconscient accorde toute l'aide et tous les élans qu'une nature bienveillante peut accorder.

 

L'inconscient est constamment en activité ; il élabore sans cesse ses matériaux et leur intrications en vue de la détermination de l'avenir. C'est pourquoi l'inconscient peut être pour un Homme un guide sans pareil, à la seule condition qu'il sache résister aux séductions (?).

 

Chacun peut acquérir à sa manière, dans le vocabulaire qui lui est accessible et conforme à sa nature mentale, ce dont il a besoin.

14 avril 2017 5 14 /04 /avril /2017 16:03

La notion, et le concept de non lieux sont trés interessant, tant ils façonnent le monde environnant. Le terme non lieux est definit par Marc Augé dans son ouvrage eponyme. Il s'agit d'un ecrit sur l'ethnologie, l'anthropologie de la surmodernité.

J'ai trouvé ce livre enrichissant. Je vous livre ici un compte rendu, melant resumé, passages du livre, et impressions personelles. Pour savoir plus precisement de quoi il retourne je vous invite à lire ce livre par vous même.

 

En attendant :

 

Marc Augé

Non-lieux (introduction à une anthropologie de la surmodernité)

 

L’Ethnologie se porte sur la question du social.

Elle s’inscrit dans le présent, et se différencie ainsi de l’Histoire. Elle étudie les interactions humaines, par rapport à leurs environnements sociaux, géographiques et historiques.

En termes de groupe, l’individu se définit par rapport à « l’autre ». L’individu est la base du social, de la société. Le plus petit élément de celle-ci en quelque sorte. L’anthropologie a également pour but d’interpréter l’interprétation qu’un groupe se fait d’un autre.

L’individu interagit avec l’autre, et se faisant, constitue différents groupes.

Le groupement d’individus ayant un trait commun produit une identité collective, basée sur des valeurs, une histoire,  en un mot une culture commune.

Celle-ci est à différencier de l’identité individuelle. Il faut noter que les cultures, ainsi définies, ne constituent jamais des totalités achevées. Elles doivent être abordées comme des constitutions en cours, des évolutions.

 

Une des clés de « Non lieux » est le concept de SURMODERNITE. La surmodernité est liée à la société de consommation, voire de surconsommation. Afin d’assouvir ses besoins, le plus souvent éphémères,  celle-ci doit produire d’importantes transformations en son sein. Ici, nous nous intéresserons a 3 types de transformations : Temporelles, spatiales, individuelles.

 

1/ transformation temporelle (p.35)

 

Forgé par l’excès, on constate une dépossession de temps. La densification des événements ayant cours durant ce dernier siècle, leur intensité (2 guerres mondiales  par exemple), et leur constant relais au public, via les media, rend difficile la possibilité d’extraire des événements de leur continuité globale. Ce que nous cherchons dans l’accumulation des témoignages, des documents, des images, des  signes visibles de ce qui fut ( P.Nora, Lieux de mémoire), c’est notre différence. Et, dans le spectacle de cette différence, L’éclat soudain d’une introuvable identité. Non plus une genèse, mais le déchiffrement de ce que nous sommes à la lumière de ce que nous ne sommes plus.

 

On constate également une accélération de l’histoire. A peine avons-nous le temps de vieillir un peu que le passé devient Histoire, et que notre histoire individuelle devient Histoire. En le sens ou, la sélection immédiate des événements ayant eu lieux au cours du siècle dernier, les transforme immédiatement en Histoire, ces événements devant être retenus, par rapport à d’autres.

Les années 60, 70,80 appartiennent déjà à l’Histoire nous dit l’auteur. En gros, à sélectionner trop d’événements comme devant être retenus, ceux-ci perdent de leurs sens.

 

2/ L’espace (p.44)

 

L’espace subit également des changements drastiques. Le progrès technique abolit l’espace, et il est tout à fait possible de traverser la planète en quelques heures. Sans parler de nos escapades, physiques ou matérielles,  dans le grand espace, sur la lune, etc… L’espace, donc, semble se reduire pour être à notre portée (NOTE : un parallèle intéressant à faire avec le modèle réduit, la maquette, dans l’art. j’y reviendrai.)

 

Paradoxalement, l’espace nous apparait aussi en excès. Les possibilités de déplacements se multipliant, nous sommes de moins en moins attachés à un lieu précis, et avons accès à un large choix de destinations.

Egalement, l’espace (virtuel) proposé par les images, relayées par les media, qui nous donne à voir des ailleurs lointains qui, même si nous n’y mettons jamais les pieds, nous semblent familier. Nous construisons nous même cette image de l’ailleurs en la mêlant à notre culture propre. Les images proposées se mélangent entre elles, indifféremment de leur nature informative, publicitaire ou fictionnelle, pour constituer un univers homogène. Ces espaces sont des leurres, et constituent donc un univers symbolique.

 

La modification concrète de l’espace, lié à la surabondance, implique la génération et la multiplication de Non lieux.

Les Non lieux se définissent par opposition aux lieux, marqués par une culture localisée dans le temps et l’espace. Ils sont aussi bien des installations nécessaires à  la circulation accélérée des biens et des personnes (autoroute, aéroports,…), que les moyens de transports eux même, ou les centres commerciaux, ou  encore les camps de transit ou sont parqués les refugiés de la planète.

 

3/ L’individu (p.50)

 

Autrement appelé ego. L’individu se définit désormais  comme un monde à part entière. Il entend interpréter par lui-même et pour lui-même les informations qui lui sont délivrées. Cette individualisation n’a rien d’étonnant. Jamais les histoires individuelles n’ont été aussi concernées par l’histoire collective.  Produire du sens par soi même est donc devenu une nécessité. Cela n’exclut  pas de produire du sens, individualisé, inconsciemment influencé par le collectif (stéréotypes, clichés, idées en vogue,…), et peut donc revêtir un coté illusoire. Prêtons également une attention aux objets, produits en masse, qui doivent devenir de plus en plus personnalisables pour donner l’impression aux individus de se réaliser à travers ces objets.

Il s’agit alors de penser et situer l’individu par rapport à ses contraintes et son aliénation ( à un systeme), et s’intéresser aux manières dont il peut s’extraire de ces contraintes, les détourner ou les utiliser pour évoluer et tracer un chemin personnel.

 

(…)

 

L’ethnologie est tentée d’identifier ceux qu’elle étudie à leurs environnements, leurs paysages, leurs frontières. Le territoire est synonyme d’identité. On parle souvent des racines d’ailleurs, pour référer à un individu, et le situer ainsi au milieu d’une tradition. Dis moi d’où tu viens je te dirai qui tu es, en quelque sorte. Le lieu est principe de sens pour ceux qui l’habitent, et principe d’intelligibilité pour celui qui l’observe. On parle de lieux anthropologiques.

Ces lieux ont au moins trois caractères en commun, ils se veulent identitaire, relationnels et historiques. Ils correspondent à un ensemble   de possibilités de prescriptions et d’interdits, de contenu spatial et social.

Ces lieux sont identitaires et relationnels puisque l’individu, le groupe la culture y naissent et l’occupent. Le lieu  est l’ordre selon lequel des éléments sont distribués dans un rapport de coexistence, une configuration instantanée de positions.

Le lieu anthropologique est géométrique et peut se résumer à une succession de figures que sont la ligne, l’intersection, et le point d’intersection. On parle de routes, d’axes, de carrefours, de ronds points, de places… L’agencement de ces figures définît l’espace, les frontières, qui situent les « uns » par rapport aux « autres ». Ces espaces peuvent s’imbriquer, se recouvrir, se juxtaposer. Nombre de ces lieux se situent par rapport au passé, se revendiquent comme uniques capitale du livre, du couteau, du nougat, de ceci ou cela, ou encore, la ville où machin est né,… Cette allusion au passé complexifie le présent.

 

 

DES LIEUX AUx NON LIEUX (p. 97)

 

Les non-lieux échappent aux principes identitaires, relationnels et historiques énoncés précédemment. Ils sont générateurs d’identité solitaire, de passage, provisoire, éphémère.  Le lieu et le non lieu n’existent jamais sous forme pure,  il y a toujours un peu de l’un dans l’autre ; dans le jeu de l’identité et du relationnel.

Lieux et non-lieux se réinventent sans cesse, et peuvent être considérés comme des polarités fuyantes : le premier n’est jamais complètement effacé, le second ne s’accomplit jamais totalement.

Les non-lieux sont pourtant la mesure de l’époque, mesure quantifiable, ne serait qu’en terme d’aires et de volumes.

 

La distinction des lieux et non-lieux passe par l’opposition du lieu à l’espace.

Pour M. De certeau, l’espace est un lieu pratiqué, un croisement de mobiles. Ce sont les piétons qui transforment en espace la rue géométriquement définie comme lieu par l’urbanisme.

 

A cette mise en parallèle correspondent plusieurs références :

 

1/Merleau Ponty distingue de l’espace géométrique l’espace anthropologique, comme espace existentiel, lieu d’une expérience de relation au monde d’un être essentiellement situé en rapport avec un milieu. (figure géométrique/ mouvement)

 

2/ référence à la parole. L’espace serait au lieu ce que devient le mot quand il est parlé, c'est-à-dire quand il est saisi dans l’ambigüité d’une effectuation, mué en un terme relevant de multiples conventions, posé comme l’acte d’un présent et modifié par les transformation dues à des voisinages successifs. (mot tu/ mot parlé)

 

3/ Le récit comme travail qui incessamment transforme des lieux en espaces, ou des espaces en lieux, et distingue le « faire » et le « voir ». Le récit compose avec la double nécessité de faire et de voir.

De certeau place le récit comme une délinquance, car il traverse transgresse et consacre le privilège du « parcours » sur « l’état ». (parcours/état)

 

Le lieu tel qu’on le définît ici, n’est pas exactement celui-ci. C’est plutôt le lieu du sens inscrit et symbolisé, le lieu anthropologique. La notion d’espace telle qu’elle est utilisée aujourd’hui semble pouvoir s’appliquer utilement, du fait même de son absence de caractérisation, aux surfaces non symbolisées de la planète. Le terme espace est plus abstrait que celui de lieu. Il s’applique indifféremment à une étendue, une distance entre 2 choses, ou à une grandeur temporelle.  (…)

On voit bien que par non lieux nous désignons deux réalités distinctes et complémentaires : des espaces constitués en rapport à certaines fins (transport, commerce,…), et le rapport que des individus entretiennent avec ces espaces. Si les deux se recouvrent (les individus voyagent, achètent,…), ils ne se confondent pas,  car les non lieux genère  tout un ensemble de rapports, à soi et aux autres, qui ne tiennent qu’indirectement à leurs fins propres (commerce par ex.). Les lieux anthropologiques créent du social organique, les non lieux créent de la contractualité solitaire.

 

Les non lieux de la surmodernité (contrairement à des lieux imaginés par exemple) ont ceci de particulier qu’il se définissent aussi par les mots, sous forme de mode d’emploi (tirez, poussez, prenez la file de droite,… ) de façon prescriptive, prohibitive ou informative, et qui a recours à des idéogrammes pour parfaire le tout, et lui donner une dimension « universelle ». Ainsi, les conditions sont propices à la circulation dans ces espaces, où les individus sont censés n’interagir qu’avec des textes, sans interlocuteur réel (la fonction des guichetiers par exemple, l’emporte sur leur valeur en tant qu’humains).

On assiste à un envahissement  de l’espace par le texte, texte qui devient, à des degrés différents, écho d’une autorité systématique  incontestée et sans visage. Ce sont ces injonctions qui façonnent « l’homme moyen », l’utilisateur, et le contrôlent.

Cet utilisateur peut emprunter ces non lieux d’une manière quasi contractuelle, puisqu’il doit rendre constamment compte de son utilisation de ces non lieux pour pouvoir y accéder et s’en servir : décliner son identité, la faire vérifier, payer, montrer son billet, suivre les indications (pas de comportement suspect) …  D’une certaine manière, il est tenu de prouver son innocence.

L’espace du non lieu délivre son utilisateur  de ses déterminations habituelles. Il plonge dans le provisoire et l’anonymat, la  désidentification.   Il se retrouve face à lui-même.  Le non lieu ne crée ni identité singulière, ni relation, mais solitude et similitude.  Faire comme les autres pour être soi. C’est également, en ces lieux, le règne du présent.

 

 

L’expérience du non lieu est aujourd’hui une composante essentielle de toute existence sociale.  Le repli sur soi est devenu un mode de vie. Jamais les histoires individuelles n’ont été autant mêlées  à l’histoire générale.  A partir de là, toutes les attitudes individuelles  sont concevables : la fuite ( chez soi, ailleurs), la peur (de soi, des autres), mais aussi l’intensité de l’expérience (la performance), ou la révolte (contre les valeurs établies) Il n’y a plus d’analyse sociale qui puisse faire l’économie des individus, ni d’analyse des individus qui puisse ignorer les espaces par lesquels ils transitent.

 

Un jour peut être, un signe viendra d’une autre planète. Et, par un effet de solidarité, l’ensemble de l’espace terrestre deviendra un lieu. Etre terrien signifiera quelque chose. En attendant, il n’est pas sûr que les menaces qui pèsent sur l’environnement y suffisent. C’est dans l’anonymat du non lieu que s’éprouve solitairement la communauté des destins humains. Il y aura donc place demain, et il y a peut être déjà place aujourd’hui, malgré la contradiction apparente des termes, pour une ethnologie de la solitude.

8 mars 2017 3 08 /03 /mars /2017 14:44
Collage

Le temps est illusion ... Un collage réalisé pour l'anniversaire d' une amie

26 janvier 2017 4 26 /01 /janvier /2017 08:42

Allez c'est cadeau pour les oreilles !!!

12 janvier 2017 4 12 /01 /janvier /2017 16:52
EXPOZITION

J'expose actuellement mes travaux à la galerie associative Hors cadre, à Beauvais (60). Une dizaine d'oeuvres visible jusqu'au 4 fevrier. Si vous en avez l'occasion ....

12 janvier 2017 4 12 /01 /janvier /2017 16:47

Voici une reflexion interessante sur les lieux d'art intermediaire ...

Un peu limite friches, pas vraiment officiels, mais enfin si par les faits, mais pas forcement du point de vue des institutions, etc .... C'est le cas de beaucoup d'entre nous. Strucutres à l'arrache, se debrouillant avec les moyens du bords, progressant petit à petit, pas forcement reconnue mais pourtant essentielle au developpement local et a l'existence de contres-cultures. 

 

Cette reflexion est relayée par la Briqueterie à Amiens, où j'ai notamment eu l'ocasion d'exposer. Un lieu vraiment sympa que je vous invite à decouvrir ...

3 janvier 2017 2 03 /01 /janvier /2017 20:00
ET TOUT MES VOEUX DE BONHEUR

MERCI à vous de me suivre ! ça me touche toujours de voir que nous partageons des interets artistiques, theorique...

Comment pouvons nous formuler le monde qui nous entoure, dans lequel nous vivons ?

Malgré le bordel ambiant, les inquietudes et les desequilibres mondiaux, ne perdons jamais de vue que nous avons de la chance d'etre ici.

Une petite planete luxuriante flottant dans un vaste silence ...

 

Rien que ça devrait suffire à nous situer et nous pousser à cohabiter pacifiquement... Mais bon, nous n'en sommes pas encore là.

Gardons bien en tete que nous sommes ceux qui façonnons le monde, car nous l'habitons.

Bien sûr, il n'agit pas à chacun de deplacer des montagnes. Mais faire preuve d'attention, d'intelligence, et de respect envers les autres au quotidien, ici et là ... Des petits rien qui feront de grandes choses.Montrer par nos actes que de belles chose sont possible. Eviter aux prochaines generations d'heriter d'un cynisme malsain .. Etre conscient de soi ... C'est deja beaucoup, la conscience.

 

L'histoire humaine est avant tout affaire d'esprit. Le changement spirituel precede tout changement materiel

 

Je vous souhaite donc tout le bonheur du monde, à tel point que vous en debordiez et puissiez en offrir sans crainte à qui que ce soit ! Bonne année

 

3 décembre 2016 6 03 /12 /décembre /2016 12:51
USINE GAZ_BRUXELLES_2016, photo prise par ARRB, AURELIEN BONNETAUD

USINE GAZ_BRUXELLES_2016, photo prise par ARRB, AURELIEN BONNETAUD

5 novembre 2016 6 05 /11 /novembre /2016 16:42

Gros son, gros clip graphique ... Run the jewels. Un groupe hip hop 2.0, annoncé par Nas himself. c'est sorti il y a kk temps; mais ça tape toujours autant. Amateur de hip hop electro, appretez vous à scotcher.

Leur premier opus en telechargement gratuit : here

 

 

A propos :

Visiteur,

 

Ce blog porte sur les choses ayant trait à l'art, à la création, et à la culture en general.

Etant donné que je suis artiste, vous trouverez ici des informations concernant ma pratique, mes actualités, mes reflexions.

j'y poste également des articles sur ce qui me marque :  la musique, la video, les livres, les expos, les travaux d'autres artistes...

Enfin, j'y dépose aussi quelques notes et mementos théoriques, ou résumés d'ouvrage que j'ai étudié.

Vous pouvez également suivre sur Instagram : arrb_creation

ou bien consulter mon site : www.arrb.fr

Rechercher

Mon Site